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 Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise.

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3 participants
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Candleinthestorm

Candleinthestorm


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MessageSujet: Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise.   Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise. EmptyDim 15 Oct à 22:56

Un petit come-back, en somme, avec ce texte. Bonne lecture! ^^

* * *


Voila plusieurs mois qu'il la chérissait chaque jour, sans faute. Elle connaissait ses mains par cœur, cette façon dont elles s'attardaient sur elle, avant qu'il n'approche son visage de son corps pour en tester le parfum. C'était leur quotidien : elle se languissait au jardin, lui se démenait, aux petits soins. Tout le jour, elle l'attendait, impatiente. Le soleil était lent, les oiseaux trop volages, et les insectes l'ennuyaient. Quand approchait l'heure, anxieuse, elle s'inquiétait de ne l'avoir pas encore vu. Puis, quand son ombre grandissait, qu'il se rendait auprès d'elle en sifflant gaiement, elle feignait l'indifférence la plus totale, faisant mine d'écouter la brise d'été qui faisait frémir ses atours. Mais ne vous y trompez pas! Du coin de l'œil, c'est lui qu'elle observait, et alors le soleil était doux, les oiseaux mélomanes, et les insectes l'indifféraient.

« Bientôt, tu seras prête » lui susurrait-il. Depuis quelques temps, avant de la quitter, il avait pris l’habitude de lui murmurer ces quelques mots. « Oui. Assurément. Bientôt, tu seras prête. Et alors, je serai prêt aussi ». Et son sourire en disait long sur leur avenir. C’est pourquoi chaque jour elle se faisait plus belle, dans les premiers rayons du matin, en espérant follement être enfin prête. Et ce jour vint.
« Cette fois, tu es bel et bien prête, ma jolie. Le moment est venu ». A ces mots, l’émotion la fit rougir un peu plus. Imperceptiblement, elle se pencha vers lui, et s’abandonna à son bonheur. La douleur la cueillit à cet instant. Les lames glaciales du sécateur tranchèrent la tige de la rose incrédule. Son destin était scellé, et la suite ne fut plus que douleur, déception, incompréhension et agonie.

Pourquoi ces mains qu’elle chérissait et qui la chérissaient tant lui avaient-elles ôté la vie ? Pourquoi son sourire bienheureux pendant qu’elle souffrait en silence, au bout de son bras ? Pourquoi l’avoir arrosée lorsqu’il faisait sec, pourquoi l’avoir débarrassée des chenilles affamées, pourquoi l’avoir protégée de la fraîcheur de la nuit, s’il s’agissait maintenant de la condamner au trépas en la plaçant dans ce vase impersonnel ? Pourquoi cette eau du robinet, froide et métallique, au lieu de l’eau de pluie aux parfums d’humus ? Et pourquoi, pourquoi s’agitait-il, heureux, dans l’obscurité de cette maison, indifférent à sa douleur et à sa mort prochaine ? Où était le soleil ? Où étaient les oiseaux ? Où étaient les insectes ? Ici, à l’intérieur, tout n’était qu’ombre, silence et poussière… Pourquoi l’avait-il trompée, lui qui avait pris soin d’elle ?

Le voilà qui s’approchait à nouveau, et sa silhouette n’était plus synonyme de douceurs. Le voilà qui s’approchait, et la rose tremblait dans son vase de cristal. Qu’allait-il lui faire, à présent ? L’effeuiller ? La faire sécher, la tête en bas ? La jeter au feu ? Ce fut la douleur à nouveau, radiante, lancinante, terrible ! Une à une, il brisait ses épines, qu’il semblait arracher avec volupté, le regard perdu dans le lointain de la petite pièce. Voilà la cause de tous ses maux ! C’était donc la faute aux épines ! Pourquoi n’y avait-elle pas songé plus tôt ? Après s’être épris de la rose, voilà qu’il la rejetait, faute aux épines qu’elle avait fait poindre avec patience. Maladroite ! Maladroite. Malheureuse…

Depuis plusieurs heures, elle sentait sa sève qui la quittait, se diluait dans l’eau froide du vase. Malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à la retenir. Lasse, brisée, fatiguée, elle se préparait à partir. D’un œil sombre, elle jeta un regard aux alentours. Près de son linceul de verre, elle remarqua deux flûtes à champagne, et coincé entre elles, un billet doux attendait patiemment. Encore un peu plus loin, une bougie se consumait, qui regardait tristement un écrin de velours dans lequel dormait un petit anneau d’argent, confortablement lové dans la tiédeur du tissu. Les regards de la rose et de la bougie se croisèrent, ils se comprirent, et le malheur de l’un soulagea un peu celui de l’autre. Tous deux partiraient ce soir, dans quelques heures, quelques instants, bientôt, déjà…

La porte s’ouvrit, et lui revint. Il jeta un œil rapide à la rose, qui détourna le regard, offensée. Mais… Mais ! Il n’était pas seul ! Qui était cette femme qui le suivait ? Qui était-elle ? Et ses mains, ses mains sur elle ! La douleur n’avait rien été, au fond, jusque là. Voici la vraie souffrance, celle d’un cœur lésé et trahi, jaloux. Les caresses n’étaient plus pour la rose. Adieu ; les attentions délicates, et les mots doux qu’emportait la brise d’été. Ils étaient pour une autre, désormais. La rivale ôta sa veste légère, et dévoila une robe d’un rouge éclatant. La rose se mordit les lèvres de dégoût. Le rouge lui allait si mal. Lui se mordit les lèvres de désir. Le rouge lui allait si bien… Alors la rose comprit. Toute cette tendresse, ces regards amoureux, toute cette mascarade qu’il avait jouée pour elle, tout ça n’avait été que pour cette femme. C’était elle qu’il avait aimée à travers la rose. Quelle idiote avait-elle été, d’avoir cru que c’était pour elle… Les roses sont naïves et leur cœur s’éprend vite.

La rivale s’approcha du vase, et se moqua de la rose. Elle l’effleura délicatement, puis en respira le parfum, singeant les habitudes de celui qu’elles aimaient toutes deux. La rose, pourpre de colère, aurait voulu se révolter, mais on l’avait humiliée jusqu’au bout : elle était désarmée, et ne pouvait plus que pester, inoffensive…

Au fur et à mesure que se vidait le champagne, la rose se vidait de sa sève. Au fur et à mesure que se rapprochaient les amants, la rose s’éloignait de ce monde, inconsciente. Lorsque, sortant l’anneau de son écrin, il lui murmura qu’il était prêt, la rose sursauta. Mais ce fut à l’autre qu’alla l’alliance. La fleur eut préféré être déjà morte plutôt que d’endurer tout cela. Cette soirée pénible, cette dernière soirée pour elle, la première pour eux, cette soirée s’éternisait. Le voir badiner avec cette femme ; le voir la regarder avec amour et envie ; le voir sourire et rire ; le voir s’en approcher un peu plus à chaque instant ; le voir poser ses mains sur elle ; le voir l’embrasser et respirer son parfum ; le voir la dévêtir lentement, et la caresser. Autant d’épines qui dardaient son cœur de rose.

La bougie s’éteignit, et l’obscurité envahit la pièce. Les amants, enlacés dans la pénombre, au creux de leur passion, ne s’en rendirent pas compte. La rose se prit à envier la chandelle qui avait rendu l’âme. Elle au moins n’avait plus à subir l’Amour de ces deux-là. Et, au cœur de la nuit, plus seule que jamais, perdue dans le vase, cassée, usée, salie, trahie, trompée, condamnée, la rose se mit à pleurer, tout doucement, en silence. Alors que très rarement pleurent les roses, elle pleura la chaleur du soleil et le chant des oiseaux. Elle pleura l’humus chargé d’odeurs et le chatouillis des insectes. Elle pleura les étoiles, et la fraîcheur de la nuit. Elle pleura tout ce qu’elle avait perdu, et qu’elle ne retrouverait jamais.

Enfin, alors que les amants nageaient dans le plaisir, un pétale unique quitta la rose, et se posa près de l’écrin vide, car ainsi sont les larmes des fleurs. Et avec ce pétale, la vie quitta la rose, qui mourut dans l’indifférence, en poussant, en guise de dernier souffle, un petit soupir délicat, plein de regrets et de soulagements.
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Tickle
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Tickle


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MessageSujet: Re: Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise.   Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise. EmptyMer 18 Oct à 17:31

Come back agréable, c'est certain. C'est bien écrit, et c'est un point de vue assez original (tu n'aurais pas relu le Petit Prince récemment?).
Il y a quand même deux petit trucs qui me gênent, plus sur le fond que sur la forme.

je trouve que quand l'homme coupe la rose, tu amènes trop vite que c'est une rose. On comprend rapidement que le début n'est pas une histoire entre un homme et une femme alors on part à la recherche d'indices pour esayer de deviner avant que ce ne soit écrit, et puis PAF! tu dis "
Citation :
Les lames glaciales du sécateur tranchèrent la tige de la rose incrédule.
"

C'est dommage de nous donner les clés si vite. Tu aurais pu suggérer plus longtemps, parler de la douleur, de la trahison sans tout avouer tout de suite...

Le deuxième truc qui me gêne (mais ça c'est la scientifique en moi qui a du mal) c'est la bougie. Le fait que tu lui prêtes une âme fait assez bizarre. On comprend bien que la rose puisse penser et ressentir, puisqu'elle est vivante (je repense encore au Petit Prince, à sa rose et à ses épines). Mais la bougie...c'est un objet, pas un être vivant et le fait qu'elle ressente des choses elle aussi fait un peu "naïf" et exagéré.

Mais à part ça, c'est vraiment bien, même si ça va me couper toute envie de recevoir des fleurs ou d'en offrir Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise. Grayno_g
Les pleurs/pétales notamment, c'est vraiment beau!

Tickle, petit princisé
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Candleinthestorm

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MessageSujet: Re: Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise.   Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise. EmptyMer 18 Oct à 19:32

En fait j'ai fait exprès d'amener brutalement la vérité en même temps que le jardinnier coupe la tige, pour mélanger les deux "chocs" et en exacerber le ressenti.

Pour ce qui est de l'âme de la bougie, ce n'était pas prémédité au départ, mais sans doute entraîné par l'anthropomorphisation de la rose, j'ai continué dans la lancée et c'est naturellement lors de l'écriture que je me suis pris à prêter âme humaine au moindre objet. Ainsi le mot doux attend avec patience, l'anneau dort confortablement, etc.

Sinon, non, ça fait des lustres que je ne l'ai pas lu, Le Petit Prince, et on me le faisait remarquer dernièrement. ^^
Comme quoi ce livre a dû me marquer plus profondément que prévu, et même si je ne me souviens plus des détails, l'esprit de Saint Ex est encore en moi!

Et merci d'avoir pris le temps de me lire et de me faire partager tes impressions!
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Acyella
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MessageSujet: Re: Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise.   Une Belle Eprise, ou l'histoire d'une belle méprise. EmptyDim 12 Nov à 19:00

Premier texte que je lis ici depuis mon retour (il y a environ 30 minutes) et je suis ravie d'avoir commencé par ce texte! J'adore. En fait j'ai eu le sentiment de lire un conte. Certains me diraient que les contes se finissent bien mais non, j'avais l'impression de lire les contes de l'Asie et puis l'esprit animiste j'adore!

Merci pour ce moment agréable de lecture et pour cette écriture douce.

Par contre, je suis du même avis que Tickle sur le fait que tu amènes la rose si vite, et j'ai du mal à ressentir ce que tu as essayé de faire passer en amenant justement cette clé aussi rapidement.

Mais cela n'enlève rien au plaisir que j'ai pris à te lire.
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