Nouvelle Génération d´Auteurs
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Candleinthestorm
Tickle
Lain
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Lain
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Lain


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MessageSujet: Visages   Visages EmptyLun 9 Avr à 18:38

Et voici donc, Mesdames et Messieurs, en exclusivité intergalactique... *ahem*

Oui, je poste ma nouvelle nouvelle (euh...) sur la NGA pour recueillir vos avis et y réfléchir encore un peu avant de la publier sur mon blog. Car si le texte me convient à peu près, je ne suis pas sûr du tout qu'il soit... explicite !

J'attends donc de voir si vous, mes amis de plume ô combien chéris, "comprenez" ce texte ou non. Je crains d'avoir été trop discret dans mes allusions, et si un lecteur attentif ne voit pas où je l'emmène, c'est que j'ai raté mon coup... DONC je vous en prie, dites-moi si cela vous semble "bien dosé" ou pas.

Bien évidemment les commentaires sur le reste sont aussi appréciés Very Happy Allez je cause trop, bonne lecture.

----------------------------------------------------------------


Elle dormait encore lorsque je me levai. Je m'habillai en silence, observai un instant son sourire endormi, écoutai son souffle paisible, puis sortis dans l'aube grise d'un printemps tardif.

J'aime les rues du petit matin, la quiétude de la ville incertaine, les couleurs irréelles qu'arbore le béton illuminé de l'intérieur. J'aime l'ivresse joyeuse des couche-tard, la certitude fébrile des lève-tôt, et la communion de ces êtres à qui, en cet unique instant, la ville appartient. Eux et moi, nous nous regardons, et nous savons.

Le bruit se levait lorsque j'arrivai au travail. Arrivé aux bureaux du journal, je constatai une fois de plus que j'étais le premier; je m'attelai à la tâche avec volonté, déjà impatient d'en finir.

Rien de passionnant ce jour-là; j'avais déjà expédié deux pages de banalités sur les élections en Angleterre lorsque Laurence et Samuel firent leur entrée. Un article sur la réforme des retraites me tint compagnie pendant leur première pause café; débarrassé des corvées du jour, je pus enfin me replonger dans mon dossier. Cette semaine, j'avais mis la barre assez haut: quatre pleines pages d'analyse sur l'ascension du néo-fascisme en Europe de l'Ouest, avec dans l'argumentaire une mise en relief du rôle des nouveaux lobbies religieux. Le chef devrait apprécier, lui qui insistait sur la nécessité de produire du contenu de qualité malgré notre faible tirage.

Samuel passa une bonne partie de la matinée à téléphoner à ses amis critiques littéraires pour alimenter sa rubrique. Deux mois après, je ne savais toujours pas si je devais regretter cette mutation. Le poste politique était mieux considéré, davantage mis en valeur, et offrait quelques perspectives intéressantes si je souhaitais changer d'air. Mais la culture me manquait. Si encore mon successeur avait été à la hauteur, j'aurais pu faire le deuil...

La maquette devait être bouclée à midi; je mis les voiles à onze heures et quart, laissant mes deux collègues mariner dans leur stress. J'échangeai quelques mots avec le chef en sortant, pour le tenir au courant de l'avancée de mon dossier hebdomadaire. Après quelques expériences ailleurs, je reconnaissais ma chance d'avoir un supérieur cultivé et ambitieux, capable d'apprécier les qualités de ses journalistes. J'éprouvais encore de la fierté à recevoir ses compliments ("Tu iras loin si tu continues comme ça, Simon !"), comme un gamin scrutant le visage de son père à la lecture d'un bon carnet de notes.

J'étais encore un gamin, songeai-je en sortant de l'immeuble de verre dans la tiédeur de la mi-journée. Je ne tenais pas en place, je remettais sans cesse en question mes quelques acquis; il faudrait un jour que je me fixe, oui, que je pose mes bagages, construire... Mais le changement était ma religion: je prenais un malin plaisir à jouer, à risquer les parcelles de mon existence, non par hâte de les perdre, mais par excitation anticipée de devoir tout recommencer. Encore une fois... Et si...

J'avalai un sandwich au thon en marchant sur le trottoir, évitant les skaters et les crottes. Le soleil commençait à se faire chaud, et j'avais hâte de rejoindre l'air conditionné; le temps que je parvienne à l'entrée du siège, toutefois, le ciel était devenu menaçant. On ne pouvait jamais compter sur le temps dans cette ville...

Je rassemblai mes documents pour la réunion; j'avais tout bien en tête, mais les actionnaires goûtaient peu la décontraction, aussi devrais-je une nouvelle fois paraître zélé et méthodique. Je composai mon visage et rejoignis la salle de réunion.

Mauvaises nouvelles, compris-je aussitôt en déchiffrant les expressions austères du triumvirat. Les autres n'avaient pas l'air au courant, Jarod se leva même pour me saluer d'une chaleureuse poignée de main. Evidemment, je pouvais compter sur ceux, comme lui, qui ne devaient qu'à moi seul leur présence en cette salle. Mais la partie s'annonçait engagée; j'espérais ne pas avoir à abattre un atout trop précieux.

La première demi-heure fut une formalité; bilan trimestriel, projections sur l'année, définition de la campagne de recrutement. Mes interlocuteurs manifestèrent leur point de vue au moment opportun, mais les trois vieux singes ne firent aucun commentaire, ne desserrant les dents que pour échanger entre eux à voix basse. Ils attendirent que je m'apprête à clôturer la séance pour intervenir; ce fut Norbert, le plus âgé, qui prit la parole.

- Merci pour ces informations, Alain. Vous faites du bon travail, et...

Nous y voilà.

- ... Votre savoir-faire est apprécié. Je dois cependant vous informer de changements à venir dans la structure de cette entreprise.

Je sentis les autres se crisper; ils réfléchissaient sans doute déjà aux alternatives s'offrant à eux si des têtes tombaient. Je souris, prêt à entendre la suite.

- Nous avons réévalué le marché et le potentiel de cette société, jugeant a priori satisfaisante sa position actuelle. Notre estimation doit toutefois prendre en compte un nouveau paramètre... TCA a fait une offre de rachat impossible à refuser.

Je fis de mon mieux pour cacher mon trouble. Je m'étais attendu à ce qu'ils me remplacent, j'avais anticipé un plan de restructuration, ou même une vente à un autre fonds privé - j'avais quelques bottes en réserve pour y parer et protéger mes intérêts. Mais l'éventualité que notre principal concurrent nous absorbe était ridicule... Ils n'avaient pas plus intérêt que nous à créer un monopole.

- Sont-ils au bord du gouffre pour tenter une sortie aussi insensée ? risquai-je.
- Leur situation n'a guère d'importance, Alain. Keyles a mis dix sept milliards sur la table. C'est plus que nous n'en tirerons jamais de cette boîte, quoi que vous fassiez.

Dix sept milliards pour une entreprise qui en valait à peine six. Pas besoin d'être un dieu de la finance pour comprendre que cette offre puait l'entourloupe, même ces vieux briscards devaient bien s'en douter. Mais le pactole était trop gros pour qu'ils y résistent. Pauvres imbéciles...

Il me faut du temps, me dis-je, encore quelques jours à ce poste pour passer ce cadeau aux rayons X et nous sortir d'affaire. TCA veut notre peau, de toute évidence, et pas seulement la mienne - quelques preuves suffiront à faire capoter l'opération. Du temps... L'adrénaline s'empare de moi, mon corps exhale son enthousiasme lorsque je décide de passer à l'attaque.

- Dix sept, hmm ? Il faudra que je m'assure que le responsable de la fuite soit mis dehors au plus vite, mais quoi qu'il en soit...
- Quelle fuite ? s'étonne ce brave Libbons.
- Eh bien, il n'entrait pas dans mes plans de vous en parler dès aujourd'hui, messieurs, mais... Vous vous souvenez sans doute des 22% de budget supplémentaires alloués au R&D à la fin du dernier exercice, sur ma demande. Vous aviez alors choisi de me faire confiance. Eh bien... Il m'est difficile de vous en parler en détails, je ne suis pas un ingénieur, n'est-ce pas... Mais, comment dire ? Ces dix sept milliards ne sont pas une nouvelle lubie de Keyles.
- Vous voulez dire que vous êtes en mesure de tripler notre CA ? s'étrangle Norbert.
- Pas avec certitude. Mais si nos recherches aboutissent, je parierais plutôt sur un facteur de multiplication de l'ordre de... six ou huit. Keyles a pondéré le risque, sans doute.

Un peu comme moi, donc. Quelques jours pour démêler le noeud gordien valent bien un énorme coup de bluff... Hmmm, quel pied ! Je les observe digérer l'idée, peser à leur tour chaque côté de la balance. Le gros courant d'air que je viens de créer doit pouvoir compenser les lingots de Keyles, s'ils se décident à souffler avec moi...

- C'est une information cruciale que vous nous délivrez là, Alain, finit par lâcher Skander, le cadet des vieux singes, huit décennies bien tassées. Nous aurions aimé en avoir connaissance plus tôt, naturellement, mais nous comprenons votre démarche...

Ils cèdent du terrain, déstabilisés ou en pleine euphorie de surestimation. C'est le moment de porter le coup de grâce; je me retiens de sortir les crocs.

- Ce n'est pas tout. Je comprends parfaitement votre empressement initial à accepter une offre aussi... étonnante, mais je crains que vous ne disposiez pas de toutes les données nécessaires à une parfaite compréhension de la stratégie adverse. Là encore, je suis confus, vous me prenez de court, je n'ai pas apporté à ce conseil les documents adéquats - chacun de vous en recevra une copie sécurisée d'ici demain matin. Mais pour aller à l'essentiel, vous devez savoir qu'une procédure judiciaire est ouverte contre deux des cadres de l'équipe Keyles, pour des histoires particulièrement... sordides. Je pense que les possibles répercussions d'une telle affaire vous permettront de mieux appréhender l'empressement de TCA...

L'urgence du présent s'estompe; le feu en moi s'apaise, et ma vue reprend le large. Je leur ai servi du vent et du réchauffé, tel un mince filet d'air à l'odeur rance. La procédure en question avait été lancée quelques mois plus tôt, à mon initiative, et par moi encore mise en sommeil en attendant son heure. Si l'un des deux adjoints de Keyles avait effectivement un vice répréhensible, l'autre était blanc comme neige, jusqu'à ce que je mette en scène son implication dans les activités douteuses de son collègue. Un ponte de la TCA pris en flagrant délit de déviance, Keyles saurait éponger; mais pourvu qu'ils soient deux, et que les médias aient quelques photos à se mettre sous la dent... Je soupçonnais Keyles d'avoir connaissance de cette épée de Damoclès depuis le début; les deux individus mis en cause se tenaient à carreau depuis des mois. Mais s'il décidait de faire monter les enchères, vingt, vingt cinq milliards... Mon bluff ne suffirait pas, et je devrais sortir la machine à salir. J'en frissonnais d'avance.

Les trois compères m'accordèrent cinq jours de répit, au terme desquels je devrais leur offrir une plongée vertigineuse dans cette invention géniale dont j'ignorais tout. Au pire, si je ne trouvais rien de suffisamment solide sur l'offre de Keyles, je piocherais dans les idées des autres. Amanda trouverait bien un amuse-gueule pour ces messieurs dans les programmes de recherche qu'elle piraterait...

Je passai près de deux heures à préparer les dossiers à envoyer à chacun des membres du conseil pour le lendemain. A celui de Skander, je faillis ajouter une photo le représentant en compagnie de sa dernière conquête, mais je me réservai ce plaisir pour la prochaine empoignade. Même si celle-ci n'intervenait pas avant quelques mois, la fille serait toujours loin de l'âge légal, et le vieux dandy goûterait à nouveau au plaisir de sentir un couteau sous sa gorge, comme au bon vieux temps de la guerre qu'il avait tant aimée.

Je rangeai finalement mes affaires et pris le chemin du retour, le coeur léger. Si j'avais donné quelques leçons lors de cette journée, j'avais également beaucoup appris, et les idées se bousculaient dans ma tête. Je sifflotai dans le bus: ... scaramouche, scaramouche, will you do the fandango... et fis les derniers cent mètres à pied aux côtés d'une grand-mère du voisinage. Je ne bavardai pas avec elle, pour une fois; il m'attendait sans doute, et j'avais tant à faire.

Et en effet, il m'attendait. J'ôtai mon imper et mes chaussures, et tombai dans ses bras avec gratitude.

- Oh, toi, tu as eu une dure journée...
- Pas tant que ça, tu m'as manqué, c'est tout...

Je goûtai ses lèvres avec avidité. Il nous guida vers le salon, ses bras autour de ma taille, glissant en bas de mon pull, remontant sur ma peau. Je rouvris les yeux mais gardai les mains sur son visage.

- Et toi ? Tu as fait quoi aujourd'hui ?
- Oh, eh bien... J'ai attendu de te retrouver, fit-il en souriant.

Il savait si bien s'y prendre pour me faire craquer... Je m'allongeai sur le divan et l'attirai vers moi; il se pencha sur moi, me dévora des yeux et conclut:

- You are my favourite english teacher.
- Arrête, lui dis-je en riant, j'ai assez de mes élèves...
- I love you, honey. Ca, j'espère bien qu'ils ne te le disent pas.
- Tu serais surpris. Simon... Si on faisait un enfant ?

Je ne risquais rien à le lui demander... Je le connaissais trop bien.

- Avec plaisir, mon amour. Tu sais, tu devrais me demander plus souvent ce genre de sacrifices insurmontables... J'ai vendu mon âme pour toi, autant que ça serve à quelque chose.

Je ris tandis qu'il jouait avec mes vêtements. Lorsque nous fûmes enlacés, je le serrai plus fort et demandai en murmurant:

- Tu préfères quoi ? Garçon ou fille ?
- Humm ! Vous avez de ces questions, vous, alors... A ton avis, si tu demandes à un affamé s'il préfère le chocolat ou la vanille, il dira quoi ?

Je laissai dériver mes yeux brillants sur son visage et l'admirai quelques instants avant de répondre.

- Les deux, sans doute...

Il sourit et effleura de ses lèvres la naissance de mon cou.

- Va pour les deux, alors. Ca tombe bien, ce soir, je me sens d'humeur à créer encore et encore...
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Tickle
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyMer 11 Avr à 1:35

Hum...j'ai l'impressionn féroce d'être dans un film de David Lynch...je n'ai rien compris!!! Mais alors vraiment rien. Lit-on l'histoire de quelqu'un qui zappe devant la télé? Qui enchaine les jeux vidéos? Qui est schizo et change de sexe entre le début et la fin? A moins que ce ne soit toujours deux hommes à la fin? Mais alors pourquoi ce "elle" au début quand c'est "il" à la fin?
Non vraiment, je n'ai rien compris. A tel point que jai à peine tenu compte du style pourtant agréable.

On peut avoir la traduction siou plait, msieur?
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Lain
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyJeu 12 Avr à 16:00

Lynch, rien que ça ! Bigre. Non, sans rire, ce n'est pas très clair, je suis un peu dans mon trip sur ce texte... Je vais m'atteler à une nouvelle mouture, légèrement plus explicite (plus longue, aussi, je suppose). Pas avant dix-quinze jours par contre, j'ai pleiiin de trucs à faire... (ça me fait penser que je n'ai toujours pas commenté ta nouvelle, Tickle... honte, remords, toussa...)

Mais d'ici-là, désolé, pas de traduction Very Happy Je voudrais que la réponse apparaisse, non comme une déduction logique, mais comme une impression générale qui, avec le temps, s'impose en évidence. C'est plus facile à dire qu'à faire... Wink
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Candleinthestorm

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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyLun 16 Avr à 0:28

Tout comme Tickle... Le sens m'échappe! Je sens bien qu'il y a une subtilité à saisir pour que le texte prenne tout son sens et son ampleur, mais je n'arrive pas à le faire...

Je suis tout embrouillé... Neutral
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptySam 21 Avr à 21:50

Alors... oui, c'est vrai c'est plutôt flou... de ce que je comprends, si du moins je comprends... Confused je dirais que c'est un unique personnage (Simon) qui mène une double, non, une triple vie ?! hum, non, sûrement que non...
Un peu de lumière ??... Very Happy
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Acyella
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyLun 23 Avr à 20:00

Alors alors... 2 choses :

1- je trouve que c'est super bien écrit... J'arrive même à (entre)apercevoir une fluidité malgré le maillon qui me manque pour comprendre véritablement ce qui s'y passe...

2- Oui... le sens m'échappe... en fait, moi je pars sur 2 personnages (l'hypothèse de la schizo... je la verrai bien mais pas traitée comme ça mais ça doit être ma déformation professionnelle qui me fait refuser à voir un schizo) Bref 2 personnages... simplement la question que je me pose serait "quelle est la véritable nature de Simon?". C'est amusant j'ai imagé cette nouvelle comme un film (j'ai certainement été influencé par le david Lynch du dessus Smile ) et c'est comme si, après avoir vu toute la journée si ordinaire du héros, quand il rentre chez lui et qu'il retrouve sa superbe femme on se rendait compte en réalité qu'il est un savant (créateur?) (fou?) qui a crée sa femme et qui va crée sa famille... Ou alors c'est simplement un artiste qui rêve sa vie... lol le coup de la famille robot, c'est ptet abusé désolée...

Bref j'aime bien comment c'est écrit Smile
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Lain
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyVen 27 Avr à 14:06

Rhoooh mince vous me faites hésiter à donner des détails en plus Very Happy

Toutes vos explications se tiennent (et me plaisent !), même si au départ j'en avais une bien en tête (énoncée dans l'un de vos commentaires ^^)...

Je suis totalement surbooké ces temps-ci, je vais laisser passer l'orage et voir ensuite "au calme" si je dissipe très légèrement le mystère.

Merci en tout cas pour les commentaires et les compliments sur le style, ça fait bien plaisir Wink Je n'ai pas encore réussi à faire tout ce que je voulais de ce texte mais c'est vrai que les mots sont venus tout seuls, ce qui est souvent bon signe...

(PS: Acyella, tu veux bien m'expliquer le coup de la "déformation professionnelle" ? si ce n'est pas indiscret bien sûr... on est sur le net, je sais :p)
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyDim 29 Avr à 21:50

J'avoue que moi aussi j'ai un peu de mal à suivre... J'aime beaucoup ton style, mais je n'ai pas tout compris... Une question d'identité ? Quelqu'un qui se cherche , cherche le regard d'un père, comme cela est dit...Je ne sais pas, mais quelques indications seraient les bienvenues...
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Antigone
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyMar 8 Mai à 18:51

Bon alors... On a trois personnes... Un journaliste, un cadre dynamique et une prof d'anglais (je me risque à dire une, mais les indices sont minces). Le tout avec des enchaînements muets qui font qu'on s'embrouille royalement. Ou alors je n'ai rien compris et c'est possible.

La question suivante, si mon hypothèse de base est bonne, c'est: pourquoi ces trois personnes dans le même texte? On pourrait avoir affaire à un schyzo, mais devenir une femme à la fin ce serait quand même énorme.

Et je viens de découvrir que Simon, le journaliste donc, sort avec la prof d'anglais (c'est les Feux de l'Amour dans ma tête). Mais QUI est Alain? Et qu'est-ce qu'il a à voir dans l'histoire??? Juste un alter-ego imaginaire de Simon?

Je vous laisse, j'ai la migraine...
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Tickle
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyDim 13 Mai à 20:53

Je n'arrive pas trop à voir les indices laissant à penser que le dernier personnage est une femme. Ce pourait tout à fait être deux hommes... Bon, ok ils veulent faire un enfant, ce qui risque d'être dur si ce sont deux hommes...mais à la fin, l'amoureux parle de "créer, créer encore". Qui sait s'ils font des enfants comme nous dans cette histoire. on est peut-être même pas sur Terre, tiens!
ou alors juste quelque part dans le monde virtuel? On passe de jeux en jeux et de personnage en personnage?

Allez Lain! Des explications!!!!
Sinon on fait grève, na!
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyDim 13 Mai à 21:21

Eh bien au début Simon déclare:

Citation :
Elle dormait encore lorsque je me levai. Je m'habillai en silence, observai un instant son sourire endormi, écoutai son souffle paisible, puis sortis dans l'aube grise d'un printemps tardif.

Donc il a une femme, admettons. Et nous retrouvons une personne avec Simon, le soir. On peut noter l'usage de l'anglais qui nous empêche à la base de savoir si c'est un homme ou une femme (Lain, tu es un sadique!). Bref oui, c'est maigre, très très maigre, mais c'est tout ce que j'ai trouvé!
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyLun 14 Mai à 11:23

Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing

Je ne pensais pas que vous relèveriez tout ça Very Happy Ca fait plaisir de se sentir décortiqué comme une crevette Embarassed Laughing

Je vais me marrer pour améliorer ça sans détruire ce côté mystérieux... Razz
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptySam 19 Mai à 15:56

Ce n'est vraiment pas simple de modifier un texte mystérieux pour le rendre un peu plus accessible sans pour autant mettre les pieds dans le plat...

J'ai essayé d'équilibrer un peu plus, d'ajouter quelques détails, pour guider votre intuition. Je ne sais pas du tout si cela vous semblera meilleur, je compte sur vous pour me le dire clairement... En tout cas je vous remercie beaucoup du temps que vous passez à m'aider à améliorer ce texte Embarassed

(NB: la première moitié n'a pas bougé mais je la remets quand même, je pense qu'il vaut mieux tout relire...)

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Elle dormait encore lorsque je me levai. Je m'habillai en silence, observai un instant son sourire endormi, écoutai son souffle paisible, puis sortis dans l'aube grise d'un printemps tardif.

J'aime les rues du petit matin, la quiétude de la ville incertaine, les couleurs irréelles qu'arbore le béton illuminé de l'intérieur. J'aime l'ivresse joyeuse des couche-tard, la certitude fébrile des lève-tôt, et la communion de ces êtres à qui, en cet unique instant, la ville appartient. Eux et moi, nous nous regardons, et nous savons.

Le bruit se levait lorsque j'arrivai au travail. Arrivé aux bureaux du journal, je constatai une fois de plus que j'étais le premier; je m'attelai à la tâche avec volonté, déjà impatient d'en finir.

Rien de passionnant ce jour-là; j'avais déjà expédié deux pages de banalités sur les élections en Angleterre lorsque Laurence et Samuel firent leur entrée. Un article sur la réforme des retraites me tint compagnie pendant leur première pause café; débarrassé des corvées du jour, je pus enfin me replonger dans mon dossier. Cette semaine, j'avais mis la barre assez haut: quatre pleines pages d'analyse sur l'ascension du néo-fascisme en Europe de l'Ouest, avec dans l'argumentaire une mise en relief du rôle des nouveaux lobbies religieux. Le chef devrait apprécier, lui qui insistait sur la nécessité de produire du contenu de qualité malgré notre faible tirage.

Samuel passa une bonne partie de la matinée à téléphoner à ses amis critiques littéraires pour alimenter sa rubrique. Deux mois après, je ne savais toujours pas si je devais regretter cette mutation. Le poste politique était mieux considéré, davantage mis en valeur, et offrait quelques perspectives intéressantes si je souhaitais changer d'air. Mais la culture me manquait. Si encore mon successeur avait été à la hauteur, j'aurais pu faire le deuil...

La maquette devait être bouclée à midi; je mis les voiles à onze heures et quart, laissant mes deux collègues mariner dans leur stress. J'échangeai quelques mots avec le chef en sortant, pour le tenir au courant de l'avancée de mon dossier hebdomadaire. Après quelques expériences ailleurs, je reconnaissais ma chance d'avoir un supérieur cultivé et ambitieux, capable d'apprécier les qualités de ses journalistes. J'éprouvais encore de la fierté à recevoir ses compliments ("Tu iras loin si tu continues comme ça, Simon !"), comme un gamin scrutant le visage de son père à la lecture d'un bon carnet de notes.

J'étais encore un gamin, songeai-je en sortant de l'immeuble de verre dans la tiédeur de la mi-journée. Je ne tenais pas en place, je remettais sans cesse en question mes quelques acquis; il faudrait un jour que je me fixe, oui, que je pose mes bagages, construire... Mais le changement était ma religion: je prenais un malin plaisir à jouer, à risquer les parcelles de mon existence, non par hâte de les perdre, mais par excitation anticipée de devoir tout recommencer. Encore une fois... Et si...

J'avalai un sandwich au thon en marchant sur le trottoir, évitant les skaters et les crottes. Le soleil commençait à se faire chaud, et j'avais hâte de rejoindre l'air conditionné; le temps que je parvienne à l'entrée du siège, toutefois, le ciel était devenu menaçant. On ne pouvait jamais compter sur le temps dans cette ville...

Je rassemblai mes documents pour la réunion; j'avais tout bien en tête, mais les actionnaires goûtaient peu la décontraction, aussi devrais-je une nouvelle fois paraître zélé et méthodique. Je composai mon visage et rejoignis la salle de réunion.

Mauvaises nouvelles, compris-je aussitôt en déchiffrant les expressions austères du triumvirat. Les autres n'avaient pas l'air au courant, Jarod se leva même pour me saluer d'une chaleureuse poignée de main. Evidemment, je pouvais compter sur ceux qui, comme lui, ne devaient qu'à moi seul leur présence en cette salle. Mais la partie s'annonçait engagée; j'espérais ne pas avoir à abattre un atout trop précieux.

La première demi-heure fut une formalité; bilan trimestriel, projections sur l'année, définition de la campagne de recrutement. Mes interlocuteurs manifestèrent leur point de vue au moment opportun, mais les trois vieux singes ne firent aucun commentaire, ne desserrant les dents que pour échanger entre eux à voix basse. Ils attendirent que je m'apprête à clôturer la séance pour intervenir; ce fut Norbert, le plus âgé, qui prit la parole.

- Merci pour ces informations, Alain. Vous faites du bon travail, et...

Nous y voilà.

- ... Votre savoir-faire est apprécié. Je dois cependant vous informer de changements à venir dans la structure de cette entreprise.

Je sentis les autres se crisper; ils réfléchissaient sans doute déjà aux alternatives s'offrant à eux si des têtes tombaient. Je souris, prêt à entendre la suite.

- Nous avons réévalué le marché et le potentiel de cette société, jugeant a priori satisfaisante sa position actuelle. Notre estimation doit toutefois prendre en compte un nouveau paramètre... TCA a fait une offre de rachat impossible à refuser.

Je fis de mon mieux pour cacher mon trouble. Je m'étais attendu à ce qu'ils me remplacent, j'avais anticipé un plan de restructuration, ou même une vente à un autre fonds privé - j'avais quelques bottes en réserve pour y parer et protéger mes intérêts. Mais l'éventualité que notre principal concurrent nous absorbe était ridicule... Ils n'avaient pas plus intérêt que nous à créer un monopole.

- Sont-ils au bord du gouffre pour tenter une sortie aussi insensée ? risquai-je.
- Leur situation n'a guère d'importance, Alain. Keyles a mis dix sept milliards sur la table. C'est plus que nous n'en tirerons jamais de cette boîte, quoi que vous fassiez.

Dix sept milliards pour une entreprise qui en valait à peine six. Pas besoin d'être un dieu de la finance pour comprendre que cette offre puait l'entourloupe, même ces vieux briscards devaient bien s'en douter. Mais le pactole était trop gros pour qu'ils y résistent. Pauvres imbéciles...

Il me faut du temps, me dis-je, encore quelques jours à ce poste pour passer ce cadeau aux rayons X et nous sortir d'affaire. TCA veut notre peau, de toute évidence, et pas seulement la mienne - quelques preuves suffiront à faire capoter l'opération. Du temps... L'adrénaline s'empare de moi, mon corps exhale son enthousiasme lorsque je décide de passer à l'attaque.

- Dix sept, hmm ? Il faudra que je m'assure que le responsable de la fuite soit mis dehors au plus vite, mais quoi qu'il en soit...
- Quelle fuite ? s'étonne ce brave Libbons.
- Eh bien, il n'entrait pas dans mes plans de vous en parler dès aujourd'hui, messieurs, mais... Vous vous souvenez sans doute des 22% de budget supplémentaires alloués au R&D à la fin du dernier exercice, sur ma demande. Vous aviez alors choisi de me faire confiance. Eh bien... Il m'est difficile de vous en parler en détails, je ne suis pas un ingénieur, n'est-ce pas... Mais, comment dire ? Ces dix sept milliards ne sont pas une nouvelle lubie de Keyles.
- Vous voulez dire que vous êtes en mesure de tripler notre CA ? s'étrangle Norbert.
- Pas avec certitude. Mais si nos recherches aboutissent, je parierais plutôt sur un facteur de multiplication de l'ordre de... six ou huit. Keyles a pondéré le risque, sans doute.

Un peu comme moi, donc. Quelques jours pour démêler le noeud gordien valent bien un énorme coup de bluff... Hmmm, quel pied ! Je les observe digérer l'idée, peser à leur tour chaque côté de la balance. Le gros courant d'air que je viens de créer doit pouvoir compenser les lingots de Keyles, s'ils se décident à souffler avec moi...

- C'est une information cruciale que vous nous délivrez là, Alain, finit par lâcher Skander, le cadet des vieux singes, huit décennies bien tassées. Nous aurions aimé en avoir connaissance plus tôt, naturellement, mais nous comprenons votre démarche...

Ils cèdent du terrain, déstabilisés ou en pleine euphorie de surestimation. C'est le moment de porter le coup de grâce; je me retiens de sortir les crocs.

- Ce n'est pas tout. Je comprends parfaitement votre empressement initial à accepter une offre aussi... étonnante, mais je crains que vous ne disposiez pas de toutes les données nécessaires à une parfaite compréhension de la stratégie adverse. Là encore, je suis confus, vous me prenez de court, je n'ai pas apporté à ce conseil les documents adéquats - chacun de vous en recevra une copie sécurisée d'ici demain matin. Mais pour aller à l'essentiel, vous devez savoir qu'une procédure judiciaire est ouverte contre deux des cadres de l'équipe Keyles, pour des histoires particulièrement... sordides. Je pense que les possibles répercussions d'une telle affaire vous permettront de mieux appréhender l'empressement de TCA...

L'urgence du présent s'estompe; le feu en moi s'apaise, et ma vue reprend le large. Je leur ai servi du vent et du réchauffé, tel un mince filet d'air à l'odeur rance. La procédure en question avait été lancée quelques mois plus tôt, à mon initiative, et par moi encore mise en sommeil en attendant son heure. Si l'un des deux adjoints de Keyles avait effectivement un vice répréhensible, l'autre était blanc comme neige, jusqu'à ce que je mette en scène son implication dans les activités douteuses de son collègue. Un ponte de la TCA pris en flagrant délit de déviance, Keyles saurait éponger; mais pourvu qu'ils soient deux, et que les médias aient quelques photos à se mettre sous la dent... Je soupçonnais Keyles d'avoir connaissance de cette épée de Damoclès depuis le début; les deux individus mis en cause se tenaient à carreau depuis des mois. Mais s'il décidait de faire monter les enchères, vingt, vingt cinq milliards... Mon bluff ne suffirait pas, et je devrais sortir la machine à salir. J'en frissonnais d'avance.

Les trois compères m'accordèrent cinq jours de répit, au terme desquels je devrais leur offrir une plongée vertigineuse dans cette invention géniale dont j'ignorais tout. Au pire, si je ne trouvais rien de suffisamment solide sur l'offre de Keyles, je piocherais dans les idées des autres. Amanda trouverait bien un amuse-gueule pour ces messieurs dans les programmes de recherche qu'elle piraterait...

Le temps me manquait. En faisais-je trop ? Avais-je atteint mes limites ? Je ne voulais pas le croire, même si j'avais suffisamment de jugeotte pour savoir pourquoi j'avais accepté ce poste. Je n'avais plus rien à me prouver; j'attendais, plus ou moins consciemment, de rencontrer l'échec. Avec tout ce qu'il impliquerait comme destruction... Comme morts. Redevenir lambda, et mourir d'ennui. Pourquoi cela me fascinait-il ? Je chassai le doute et me remis au travail; la journée était loin d'être finie.

Je passai près de deux heures à préparer les dossiers à envoyer à chacun des membres du conseil pour le lendemain. A celui de Skander, je faillis ajouter une photo le représentant en compagnie de sa dernière conquête, mais je me réservai ce plaisir pour la prochaine empoignade. Même si celle-ci n'intervenait pas avant quelques mois, la fille serait toujours loin de l'âge légal, et le vieux dandy goûterait à nouveau au plaisir de sentir un couteau sous sa gorge, comme au bon vieux temps de la guerre qu'il avait tant aimée.

Je rangeai finalement mes affaires et pris le chemin du retour, le coeur léger. Si j'avais donné quelques leçons lors de cette journée, j'avais également beaucoup appris, et les idées se bousculaient dans ma tête. Je sifflotai dans le bus: ... scaramouche, scaramouche, will you do the fandango... et fis les derniers cent mètres à pied aux côtés d'une grand-mère du voisinage. Je ne bavardai pas avec elle, pour une fois; il m'attendait sans doute, et j'avais tant à faire.

Et en effet, il m'attendait. J'ôtai mon imper et mes chaussures, et tombai dans ses bras avec gratitude.

- Oh, toi, tu as eu une dure journée...
- Pas tant que ça, tu m'as manqué, c'est tout...

Je goûtai ses lèvres avec avidité. Il nous guida vers le salon, ses bras autour de ma taille, glissant en bas de mon pull, remontant sur ma peau. Je rouvris les yeux mais gardai les mains sur son visage.

- Et toi ? Tu as fait quoi aujourd'hui ?
- Oh, eh bien... J'ai attendu de te retrouver, fit-il en souriant.

Il savait si bien s'y prendre pour me faire craquer... Je m'allongeai sur le divan et l'attirai vers moi; il se pencha sur moi, me dévora des yeux et conclut:

- You are my favourite english teacher.
- Arrête, lui dis-je en riant, j'ai assez de mes élèves...
- I love you, honey. Ca, j'espère bien qu'ils ne te le disent pas.
- Tu serais surpris. Simon... Si on faisait un enfant ?

Je ne risquais rien à le lui demander... Je le connaissais trop bien. C'était étrange... Ni conflits, ni danger, pas la moindre incertitude entre nous, et malgré tout cette harmonie nous comblait. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais pour moi il ne pouvait y avoir d'autre lui. Ni pour lui d'autre moi.

- Avec plaisir, mon amour. Tu sais, tu devrais me demander plus souvent ce genre de sacrifices insurmontables... J'ai vendu mon âme pour toi, autant que ça serve à quelque chose.

Je ris tandis qu'il jouait avec mes vêtements. Dans une poche de jean tombé au sol, un portable entonna les Valkyries; nous l'ignorâmes: ce n'était pas pour nous. Lorsqu'enfin nous fûmes enlacés, je le serrai plus fort et demandai en murmurant:

- Tu préfères quoi ? Garçon ou fille ?
- Humm ! Vous avez de ces questions, vous, alors... A ton avis, si tu demandes à un affamé s'il préfère le chocolat ou la vanille, il dira quoi ?

Je laissai dériver mes yeux brillants sur son visage et l'admirai quelques instants avant de répondre.

- Les deux, sans doute...

Il sourit et effleura de ses lèvres la naissance de mon cou. Oh oui, il savait, il savait tout. Et il nous aimait tant.

- Va pour les deux, alors. Ca tombe bien, ce soir, je me sens d'humeur à créer encore et encore...
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyDim 20 Mai à 12:49

Alors alors, les modifications n'ont rien enlevédu mystère du texte, personnellement ce qui me perd c'est le "Elle dormai encore" du départ (je suis longue à la détente désolée!)
En fait à la 1ère lecture du texte modifié j'avais cru saisir, et en fait... maintenant que je le relis, je ne sais plus...
De façon plus précise : Alors tu as le journaliste (Simon), qui serait donc aussi le cadre (Alain). En fait, si on s'en tient au Elle du début et au Simon de la fin, la personne qui parle depuis "je rangeai finalement mes affaires" serait la compagne de Simon et non lui. Cela renforcé par les phrases où elle décrit leur Amour : "mais pour moi il ne pouvait y avoir d'autre lui. Ni pour lui d'autre moi". Parce nous on sait qu'il y a un autre "lui". Du coup ça m'a perdu, parce que jme dis que ça peut pas être lui à la fin, et jme demande si j'ai bien compris...
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyLun 21 Mai à 1:30

alors pendant tout le long du texte j'ai été confortée dans mon idée de double vie, et puis en fait la fin me chiffonne... c'est vrai qu'on passe à un personnage féminin, alors pourquoi pas tout simplement 2 personnages masculins, un personnage féminin, qui ont tous trois une simple et unique vie... mais alors pourquoi tout s'enchaîne ainsi ?? cela reste un grand mystère...
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyLun 21 Mai à 2:55

Le seul lien entre Simon le journaliste et Alain, c'est le fait que ce dernier parle d'étaler des scandales dans la presse, à propos des déviances des actionnaires, et que Simon enquête sur les mouvements néo-nazis et l'implication des autorités religieuses dans ces partis.

Les actionnaires proches d'Alain seraient-ils impliqués dans ces mouvements???

Ca s'arrête là pour moi, pour le moment...
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyMar 22 Mai à 13:10

Eh bien non justement Candle ce n'est pas le seul lien. Il y en a un plus important qui relie les trois personnages... et comme c'est quelque chose d'essentiel pour comprendre la "psychologie" derrière tout ça, forcément vous êtes perdus.

Acyella: le "elle dormait encore" signifie deux choses. Un, comme l'a dit Antigone, le "english teacher" de la fin est féminin. Deux, cette femme donc dort lorsque Simon part au travail.
Oui, à partir de "je rangeai...", c'est la femme qui parle. Il y a un paragraphe de transition (comme pour Simon->Alain) qui installe progressivement la nouvelle personnalité... pour bien montrer que c'est progressif, ça ne se fait pas en une seconde (donc... Wink).

Bon les réponses qui suivent donnent une forme de réponse (du moins, celle que j'imagine), donc ne lisez pas si vous voulez creuser encore Embarassed

Moonbeam, tu as en quelque sorte raison depuis le début: double vie... et trois personnages. Simon et Alain sont deux identités sociales, extérieures... et la fille anonyme (je lui avais préparé un prénom mais finalement c'est aussi bien sans) est une identité intérieure, exclusive à l'individu en question. Comme les enfants qu'il s'apprête à "créer" (intégrer à son imaginaire).

Pourquoi tout cela s'enchaîne ainsi ? Parce que cet individu a soif... Il veut sans cesse repousser ses limites. Il a un job de journaliste au départ (on peut imaginer que c'est là que réside son identité initiale, mais rien ne l'affirme), mais il se sent bridé, et en décalage intellectuel et social. Il méprise ses collègues, il travaille vite, et se retrouve ensuite avec du temps libre et un cerveau en friche.

Alors il crée Alain. Et comme il a de l'ambition, il vise haut - et réussit. Sa formation journalistique (cf "scandales" repérés par Candle) est une arme de plus à son arsenal. Là, dans ce métier, il peut davantage s'exprimer, se "lâcher"... Mais cela ne suffit pas, pour deux raisons.

La première, c'est qu'il est toujours aussi asocial... ou calculateur si vous préférez. Il voit chaque être humain comme un adversaire, et ne respecte que ceux qui lui opposent une réelle résistance ou possèdent des qualités qu'il n'a pas (c'est à dire presque personne, à ses yeux). Difficile dans ces conditions d'avoir des amis, et une vie affective...

Alors il crée sa femme. Evidemment, limites physiologiques, il ne peut pas l'incarner en société; sur le Net, peut-être ? Pas ailleurs que chez lui en tout cas. Mais ce dont il a besoin, ce n'est pas de serrer une femme dans ses bras: il est trop égocentrique ou immatur pour cela. Ce qu'il veut, c'est être aimé. Avoir quelqu'un qui l'adore. Alors pour ressentir cela, pour se donner l'illusion qu'il est l'homme idéal... il se met dans la peau de cette femme. Plus narcissique, tu meurs.

Deuxième raison d'insatisfaction: son irrationnel amour du risque. C'est ça, le "fil rouge" dont je parle au début de ce post et qui vous manque (je n'ai pas été assez explicite donc). Simon a une constante envie de tout plaquer, de tenter sa chance ailleurs, de repousser ses limites. Alain a de l'ambition à revendre, mais ne se voile pas la face sur ses paradoxes: le paragraphe que j'ai ajouté ("le temps me manquait...") essaie de le montrer.

Acyella, tu parlais précédemment de schizophrénie. Je n'y connais pas grand chose en psychiatrie, je ne sais pas si l'individu que je décris est schizophrène... Au départ, sa "multiplication" de visages est voulue, raisonnée. Mais j'essaie de montrer qu'en réalité, il s'enfonce doucement dans la névrose. Cette sorte de quête effrénée de ses limites "surcharge" sa raison et on n'est plus très sûr, à la fin, qu'il soit pleinement conscient de toutes ses identités. Le fait d'ignorer le coup de fil (sans doute sur le portable d'Alain) pousserait à dire que oui. Il est encore conscient, mais pour combien de temps ? La décision d'imaginer des enfants est-elle une nouvelle forme de fuite de la réalité, d'abandon de la société ?...


Bon... Quoi qu'il en soit c'est probablement moi qui ai été trop ambitieux sur ce coup: je voulais parler de tout ça dans un texte court (en 200 ou 300 pages, PK Dick l'a fait infiniment mieux que ça), résultat c'est obscur et ambigü.

Je réfléchis à ce que je vais faire de ce texte... Si vous avez des idées, n'hésitez pas ! Merci encore de prendre du temps pour ça.
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyMar 22 Mai à 16:20

Youhou, j'étais sur la bonne piste !!!!! c'est vraiment pas mal comme nouvelle, je t'encourage à continuer, car ça peut donner quelque chose de génial !!
Juste pour répondre à la question de la schizophrénie... une personne qui se crée plusieurs identités comme ce personnage n'est absolument pas (du point de vue psychologique) schizophrène ; maintenant, c'est vrai que dans le langage courrant, on emploie ce mot pour qualifier quelqu'un ayant plusieurs personnalités, mais c'est faux...
De plus, le fait que Simon soit bien conscient qu'il est Alain, ça c'est sûr et certain, ton personnage n'est pas schizophrène !!
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MessageSujet: Re: Visages   Visages EmptyMer 23 Mai à 13:57

Moonbean a raison, le fameux "dédoublement de personnalité" n'est pas un symptôme de la schizophrénie. De plus, dans ce que tu dis de sa relation avec l'Autre, il ne me paraît pas schizophrène ce personnage, d'où ma première remarque.
Ensuite, que tu veuilles le faire ou non schizophrène, je pense que le plus important (c'est-à-dire au delà des considérations de vérités psychiatriques) est que ton texte nous plonge tout de même dans des limites de soi et de l'Autre assez folles et je trouve ce texte assez formidable. Je ne peux que t'encourager à continuer à bosser dessus, car tu touches quelque chose d'assez fort je trouve, et de pas évident à mettre en mots.

Enfin si dans un souci de vérité psychiatrique ou psychologique au sens théorique des termes, tu souhaite avoir plus de renseignements, je me propose évidemment pour te renseigner, n'hésites pas.

En tout cas, je vais encore cogiter sur ce texte, il met mon esprit en pleine ébullition!
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