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 Le chaos artistique

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Vincent C
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Vincent C


Nombre de messages : 49
Date d'inscription : 10/12/2008

Le chaos artistique Empty
MessageSujet: Le chaos artistique   Le chaos artistique EmptyJeu 11 Déc à 13:11

J’ai eu droit à dix secondes. Dix secondes de lucidité. Dix secondes pendant lesquelles j’ai compris le monde tel qu’il était réellement.
J’étais dans mon lit et après des heures à essayer de trouver le sommeil, j’avais fini par sombrer dans une somnolence douce et ouatée. Et puis j’ai eu ce sursaut, comme si je devais me réveiller brutalement mais au moment où j’aurais du ouvrir les yeux, j’étais toujours dans le monde des rêves. Je senti que ça ne durerait pas longtemps, dix secondes au plus, et j’ai profité du fait d’être conscient pour explorer ce monde pendant ce bref instant.
Je voulais comprendre, comprendre une fois pour toute cet univers qui m’entourait. Tout semblait accessible à ma raison alors j’ai regardé au plus loin et dans toutes les directions en même temps. J’ai vu les planètes du système solaire et leurs satellites, toutes ces sphères tournant sur elles-mêmes et formant des ellipses dans un harmonieux désordre, comme des trains électriques totalement autonomes qui répèteraient le même parcours pendant des années sans jamais entrer en collision. J’ai vu et senti la chaleur du soleil qui irradiait mon âme. Puis j’ai vu les étoiles. Des milliers, des milliards d’étoiles, certaines avec des planètes qui leur tournaient autour, d’autres nues ou tournant autour d’une autre étoile. J’ai vu des comètes et des trous noirs, des amas d’étoiles et des galaxies entières, mais je ne m’intéressais pas trop à tout cela, je n’étais pas astronome et ce qui m’intéressait était justement ce qui était derrière les limites du monde visible, au-delà de l’espace.
Je portais mon regard et ma pensée toujours plus loin, mais je ne voyais qu’une succession de galaxies qui continuait à s’étendre. Je compris alors que je n’aurais peut-être pas le temps d’atteindre les limites de l’univers. Je m’imaginais déjà à mon retour de ces dix secondes de lucidité parfaite avec comme seule information que l’univers était vaste, peut-être infini. Quelle cruelle déception.
J’eus alors une idée. Plutôt que de cherche les limites de l’univers pour essayer de découvrir ce qu’il y avait derrière, je me concentrai afin de pouvoir contempler le centre de l’univers. J’avais déjà perdu quelques précieuses secondes mais le résultat de cette nouvelle démarche fut presque immédiat.
J’étais plein d’espoir et très anxieux à la fois. J’ignorais ce que j’allais trouver mais je m’attendais à trouver quelque chose de merveilleux, de beau et de grand. C’est d’ailleurs peut-être le cas, mais ma raison n’était probablement pas prête à accéder à cette chose.
C’était une masse informe, gesticulant sans cesse de ses pseudopodes qui semblaient bouillonner à sa surface. On y retrouvait toutes les couleurs visibles qui s’entremêlaient au point que certaines parties de cette chose semblait être de plusieurs couleurs à la fois, en fait je crois que c’était le cas mais maintenant, je n’en suis même plus sûr. Et puis il y avait cette musique, comme le son d’une flûte dont la mélodie aurait été proche de la perfection tout en étant totalement imprévisible. Peut-être là aussi y avait-il plusieurs notes à la fois mais il me semble que ma raison saturait de toutes ces informations à la fois grotesques et contradictoires. Je ne sais pas quelle était la nature de cette chose, la aussi ma condition que je pensais pour quelques secondes omnisciente avait trouvée une limite. A la fois minérale dans sa texture, végétale dans sa forme et animale dans son comportement, il y avait quelque chose de plus, quelque chose de divin. Ça n’était pas la sagesse du vieil homme barbu mais l’énergie créatrice ex nihilo, un bouillonnement de matière et d’informations rythmé par le son de cette flûte.
Je contemplais cette chose pendant les quelques secondes qui me restaient à profiter de cet état, je ne pouvais de toute façon pas en détacher les yeux, et c’est là que l’horreur de produisit. La chose m’avait vu, ou plutôt elle avait senti ma présence. Je sentis la force de cette monstruosité se rapprocher de moi et alors qu’elle allait m’avaler, ou tout au moins avaler mon âme, j’eu l’idée de crier et me mis à hurler, le plus fort que je pouvais jusqu’à me réveiller. Les dix secondes avaient du s’écouler et je me retrouvai allongé sur mon lit, tremblotant et en sueur, j’avais déféqué sous moi et du attendre plusieurs minutes avant de pouvoir ramper hors de ma chambre. J’avais vu le chaos.

C’est depuis cette nuit que ma vie a complètement changé. Traversé régulièrement de pensées suicidaires que je ne saurais expliquer, il m’arrive de m’extasier devant un objet d’une banalité déconcertante comme un briquet ou un panneau de signalisation. J’ai aussi ces rêves étranges, où je vois des formes que j’essaie de retranscrire le lendemain par la peinture, d’autres nuits, j’entends des mélodies que je réécris sur des partitions afin qu’un de mes amis pianistes puisse les jouer. Toutes les personnes qui contemplent mes peintures ou écoutent ma musique me trouvent particulièrement doué, elles sont à chaque fois surprises d’apprendre que je n’ai jamais suivi de formation pour développer ces dons artistiques, tout juste deux ans de solfège au collège et la lecture de trois magasines sur « l’art de peindre » afin de pouvoir choisir mon matériel.
Mais si cette vision d’horreur a décupler mes talents créatifs, je redoute chaque jour ce qui peut m’arriver par la suite. Je suis sûr que cette chose m’a vu et que, depuis le centre de l’univers, elle me reste profondément hostile. Je sens qu’elle cherche à m’atteindre d’une façon ou d’une autre. Peut-être y parvient-elle pendant ces étranges moments où il me semble perdre la raison.
Cela peut arriver n’importe où et n’importe quand, je sens tout simplement que ma logique m’échappe. Pendant les quelques minutes qui suivent, je suis obligé de fournir un effort de volonté hors du commun pour ne pas me déshabiller et courir dans la rue, ou pour ne pas tenter d’égorger le premier passant qui aura la malchance de croiser mon chemin. Qu’elle me retrouve ou non, cette chose a laissé en moi une empreinte indélébile, la marque du chaos.
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