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 SF 6 Au pied de la montagne fumante

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Vincent C
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Vincent C


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Date d'inscription : 10/12/2008

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MessageSujet: SF 6 Au pied de la montagne fumante   SF 6 Au pied de la montagne fumante EmptySam 22 Aoû à 15:36

4 heures du matin, Spike erre le long de la montagne fumante, des gamins se sont installés dans les détritus, montant des abris de fortune au sein des immondices. Ils trient patiemment les déchets pour en récupérer tout ce qui peut-être revendu, et lorsque la faim leur tenaille le ventre, ils vont jusqu’à grignoter des restes d’aliments qui ne semblent pas encore corrompus par la moisissure. Ca et là, un adulte en guenilles les surveille. Ce contremaitre un peu particulier est armé d’un bâton hérissé de clous ; le message est simple, quiconque dérobera un objet sera battu jusqu’à la mort et son cadavre pourrira quelque part sans même que l’odeur puisse se distinguer du reste de la pourriture. Pour cet homme, la vie de ces gamins vaut moins que les ordures qu’ils sont censés trier. Il a une excuse, il triait lui-même les ordures avant, surveillé par un autre contremaitre, tout aussi violent et cruel. La seule chose dont il soit fier, c’est d’avoir survécu assez longtemps, jusqu’à devenir plus fort que les autres et à pouvoir imposer sa loi, il a du attendre que son propre surveillant meurt pour le remplacer. On ne vit de toute façon pas bien vieux sur la montagne fumante.
Spike a un peu discuté avec le contremaitre.
Dans cette zone sans droit, il n’y avait aucune hostilité entre les deux hommes. Ils ne faisaient pas partie du même monde. Même avec son bâton, le contremaitre ne pouvait effrayer que des enfants.
« Tu attends le train ? » demanda-t-il
Spike fut étonné qu’on devine aussi facilement pourquoi il était là.
« J’essaie de quitter la ville, il parait que c’est facile de se cacher dans les détritus.
- Il y a beaucoup de gens comme toi en ce moment. Je peux peut-être t’aider » répondit l’homme, agréablement surpris d’une réponse aussi franche et de la confiance qu’il se voyait ainsi accordée.
Spike fut étonné par cette révélation, il ne pensait pas tomber dans un traquenard, mais il ressentit un frisson d’inquiétude, juste la sensation que tout ne se passait pas comme cela devrait.
« Comment s’y sont pris ceux que tu as déjà vus ? demanda-t-il.
- Ça dépend, il y en a qui arrivent ici et qui peuvent à peine marcher, ceux-là se glissent dans les ordures et se laisse ramasser par la grue qui les chargent dans le train. C’est la solution la plus dangereuse, j’en ai vu se faire couper en deux dans les mâchoires de la grue, ou se faire arracher un bras ou une jambe, avec une blessure comme ça dans les ordures, les pauvres types ne restent de toute façon pas en vie bien longtemps. »
Il fit une pause et dévisagea Spike un instant. « Toi, tu es assez fort pour escalader les parois du train, elles ne sont pas si hautes ».
Spike acquiesça, il était assez sûr de lui pour ne pas avoir à risquer de se faire tuer en se faisant happer par la grue.
Le contremaitre poursuivit « Ensuite, tu dois rester dans les ordures, je ne sais pas si il y a des contrôles après le mur d’enceinte, mais je serais surpris qu’il y ait une fouille trop minutieuse. Ce train va repartir avec tout ce qui n’est pas recyclable, principalement des détritus de nourriture et de produits chimiques. Une fois que le train aura démarré, tu auras le choix entre rester à la surface, et prendre le risque d’être repéré si quelqu’un regarde passe le train d’au-dessus, ou te cacher dans les détritus, et risquer de suffoquer. Si tu choisis la deuxième solution, il y a parfois des trous dans les parois des wagons ; si tu parviens à rester caché et à respirer et voir ce qui se passe dehors par un de ces trous, tu auras peut-être l’initiative en cas de contrôle».
Voyager parmi les ordures n’effrayait pas Spike, mais il n’avait pas imaginé devoir s’y enterrer pour échapper aux contrôles. Dans un monde où le système de santé est inexistant, la moindre affection un peu sérieuse dont souffre un homme sans revenu est synonyme de déchéance, voire de mort. Il remercia le contremaitre, qui afficha un large sourire édenté puis retourna molester quelques gamins, histoire de leur montrer que la pause était terminée et qu’ils devaient se remettre au travail.
Spike s’installa dans un coin plus calme d’où il pouvait voir le train arriver d’assez loin. Après d’interminables minutes, il entendit un sifflement. Son regard se dirigea sur l’horizon et il vit d’abord un halo grisâtre dont la forme devenait de plus en plus distincte. Après quelques secondes, il put distinguer le nuage de fumée qui échappait du train qui mit encore quelques minutes à venir jusqu’à lui.
Il se cacha derrière un tas d’ordures quand le train arrivait à son niveau, s’arrêtant dans un grand crissement. L’odeur de l’huile et du charbon parvenait presque à couvrir la puanteur des lieux à laquelle Spike avait commencé à s’y habituer. La grue commença à s’agiter, probablement manœuvrée par le conducteur du train.
Cela faisait des décennies que tout ce qui pouvait être relié à un réseau était commandé à distance. Installer des caméras et des capteurs sur une grue afin de la rendre utilisable par un conducteur dont le véhicule était arrêté coutait moins cher que d’employer une personne supplémentaire. Ce phénomène, qualifié de néo-taylorisme, était apparu au début du siècle après la grande crise. La doctrine était simple, un employé ne devait jamais s’arrêter de travailler, et une société bien gérée devait employer le moins de monde possible. La récession avait rendu obsolète l’utilisation intensive des machines, mais plutôt que de partager le travail qui restait, les dirigistes décidèrent de partager les ouvriers sur les différents postes de travail ; chaque employé occupait deux ou trois postes requérant un minimum de qualifications. Les charges salariales baissèrent alors jusqu’à ce que l’économie reparte, ne profitant plus qu’à une infime partie de la population, celle qui n’avait pas besoin de travailler. Le reste se partageait entre quatre-vingt pour-cents de chômeurs et vingt pour-cents de travailleurs exploités plus de quatorze heures par jour. Cette main d’œuvre, honteuse et bon marché, permettait au système de se maintenir en vie sur le plan économique et industriel ; sur le plan politique et social, c’était les gardiens qui maintenaient les choses en l’état.
La grue commençait son travail et semblait avaler les monceaux d’ordures qu’elle vomissait ensuite dans les wagons. Les tas d’immondices aux alentours diminuait progressivement pour remplir le train. Tout semblait vivant dans cette scène, les ordures pestilentielles, où se trouvait ce que l’espèce animale contenait de plus abjecte de rats, de cafards et d’insectes, les mâchoires d’acier qui croquaient tout cela et suintaient de détritus. Le train lui même semblait prendre vie au fur et à mesure qu’il se remplissait, comme le squelette creux d’un mille-pattes géant qu’on aurait rempli d’organes.
Spike repéra un endroit du wagon qui lui semblait facile à escalader et se lança, se poser des questions l’aurait probablement ralenti. Il arriva rapidement jusqu’au wagon qu’il commença à escalader. Les parois de bois vermoulues comportaient de nombreuses anfractuosités qu’il pouvait agripper. Arrivé sur le bord du wagon, il contempla le spectacle. Le conducteur / grutier faisait bien son travail, et les ordures étaient correctement réparties, formant une masse nauséabonde et grouillante. Spike était décidé à aller jusqu’au bout et avait abandonné ce qui lui restait de dignité, il sauta dans ce malstrom avec pour seul espoir de ne pas s’y enfoncer trop profondément.
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