NOCTURNE
Le monde monochrome
est endormi,
Et sise sur son trône,
règne la nuit.
Il pleut encore du soir
depuis le ciel,
Et dans la marée noire
douce et rebelle,
Flotte la Lune blanche
de nacre et miel,
Comme un ballon de verre
Au milieu de mon rêve.
Viens donc, monte avec moi
Sur mon cheval des brumes,
Qui nous emportera
Là-haut, voir Dame Lune.
Tout de brouillard vêtus,
Et chargés d’impatiences,
Nos deux esprits tendus
Se marient en silence.
Au creux des vallons tendres,
Le long des longues plaines,
Nous jouissons d’entendre
Les plaintes inhumaines,
du vent de la nuit,
du vent qui s’enfuit
à l’infini...
Notre monture d’air,
Intangible et véloce,
Nous transporte droit vers
Les domaines d’Éros.
Que le ciel chavire !
Et que Gé se renverse !
Et que tous les plaisirs
Se versent et se déversent !
Que nos dix sens se mêlent !
Que la Pensée s’estompe !
Que tout soit irréel !
Que le monde se rompe !
Léger intense brillant cristal
Le monde entier fuit et détale
Nous sommes perdus dans un dédale
Léger intense brillant puis pâle
Et doux serein tranquille et passe
Et c’est Éros qui trépasse.
Las !
- et le temps passe -
Notre corps frémissant,
Las de ce long voyage,
Se dismute en laissant
Blanche, la dernière page.
Ce poème est antérieur à ma rencontre avec Lune, et "Dame Lune" désigne bien ici notre astre nocturne... Donc pas de confusion possible!!!