Et pour une fois ce n'est pas un texte de la nuit mais du soir, poussée que j'ai été par une personne qui voulait me lire... et qui m'a presque enchainée à mon ordi...
J'espère que ce texte lui plaira...
ELLE
Elle était là ! Seule comme chaque jour… Elle regardait droit devant elle, comme si elle pouvait voir à travers les choses et les gens, comme si pour elle comptait seulement ce qu’il y avait de l’autre côté, par delà ce qu’elle voyait et le monde qui l’entourait.
Elle était déjà femme mais avait tellement l’air d’être une enfant dans le fond. Ses grands yeux reflétaient le monde alentour et on pouvait y lire toutes ses interrogations et doutes. Des émotions aussi, c’étaient celles d’une femme qui a vécu et qui connaît joies et peines.
Il y brillait un éclat mystique, une étincelle indéfinissable qui sortait du profond d’elle-même ou alors c’était seulement cette espièglerie que tous nous avons en nous.
Elle ne bougeait pas, jamais. Elle restait toujours en cet endroit. Comme si c’était la seule place qu’elle connaisse, celle en laquelle rien ne pourrait jamais lui arriver. Ou alors elle attendait une personne ou un événement. Comment et pourquoi ? Elle seule le savait peut-être mais elle ne le dirait jamais.
Son silence était troublant, envoûtant, il charmait autant qu’il interrogeait quiconque la voyait. A peine entrouvrait-on la bouche pour lui demander ce qu’elle faisait là que la barrière du silence s’imposait d’elle-même. Alors les lèvres se refermaient et les têtes se détournaient comme elles avaient été attirées aux premiers instants.
Son silence n’était pas pourtant pas infranchissable mais tout semblait l’ennuyer, elle ne voulait simplement plus parler, jamais.
Un coup de vent fit bouger ses cheveux qui balayèrent son visage. Il se passait quelque chose mais son visage restait figé, tout comme son corps : elle restait impassible telle une statue. D’ailleurs statue, elle aurait pu l’être si elle en avait décidé ainsi mais les émotions prenaient trop de place. Ses cheveux continuaient à se balancer dans le vent, ils flottaient autour d’elle ; en fait c’était le seul élément qui la reliait encore à la réalité. Mais rien ne lui importait plus désormais.
Elle regardait et regardait encore loin devant elle, juste en face, toujours dans la même direction sans même jamais cligner des yeux. Le vent s’était accentué et tout commencer à tourbillonner autour d’elle. Tout s’accélérait mais elle restait stoïque.
Peu lui importait le chaos alentour, les flammes qui étaient apparues et se rapprochaient de plus en plus d’elle. Le feu la ravagerait, sûrement mais peu lui importait, elle restait unique maître de ses émotions qu’elle voulait contrôler à tout prix ; dusse-t-elle ne jamais plus bouger pour ne rien ressentir comme elle l’avait décidé.
Elle savait maintenant que son seul choix c’était renoncer ou périr. Renoncer c’était se laisser envahir et elle s’y refusait. Cela lui ferait sûrement plus de mal que les flammes.
D’où venaient-elles d’ailleurs ses flammes, la prison où elle s’était enfermée était à son image sombre et froide, sans fioritures. Il ne pouvait y avoir de flammes, c’était physiquement improbable.
Alors elle comprit et sa volonté plia et rompit… Ses yeux s’agrandirent, pour la première fois son attention avait été attirée et cela ne venait pas de l’extérieur. Les flammes étaient la conséquence de tout ce qu’elle essayait de cacher, de ne pas montrer ; des émotions tant refoulées qui voulaient sortir, s’extraire quelque soit la force qu’elle mettrait à les ensevelir en elle.
Elle allait se briser mentalement pour les enfouir une dernière fois, jamais sa carapace ne devait craquer. Son humanité était là tout près et elle ne voulait pas l’atteindre tant elle l’avait cachée au plus profond d’elle.
Les flammes la dévoraient intérieurement mais la douleur physiquement était aussi là à l’extérieur. Elle se battait mais sa résistance ne tiendrait plus longtemps. Enfin, elle fit un mouvement, elle se jeta la tête en arrière en un cri et se jeta dans son brasier où elle se consuma en un souffle…
Je la regardais spectatrice du premier rang, attentive et glacée d’effroi devant cette scène. Je la laissais faire ne pouvant intervenir sentant une partie de moi céder et bientôt je compris aussi.
Que les masques tombent !
Les larmes qui coulaient sur mes joues et le poids s’envolant soudain de mon cœur, n’étaient que la conséquence de son sacrifice. Elle avait sacrifié ce qui lui restait de fierté et d’inhumanité pour que je ressente à nouveau tous ses sentiments oubliés.
Je m’avançais face au miroir regardant mes larmes couler… son visage me sourit, elle était là ! Elle serait toujours avec moi ; elle, c’est une partie de moi…