N'étant pas assez long, je pense, pour être classé comme "nouvelle", j'ai choisi de vous présentez mon texte dans la grande catégorie "autres"
J'espère ne pas vous décevoir, ce sont mes débuts !
Bonne lecture !
L'évasion
Vous saisissez votre sac, l'argent qui traîne sur la table de la cuisine. Descendez si vite les marches de l'escalier en colimaçon que vous en avez le tournis. Arrivée dans le hall d'entrée, il y a cette voisine que vous détestez, qui vous fouille du regard. Le vôtre se consume lentement sous des larmes qui stagnent, stagnent au bord de vos précipices. Impossible d'y lire quelque chose de sensé. Vous poussez la lourde porte d'entrée de votre immeuble gris. Vos pieds foulent rapidement l'asphalte.
Il ne sait pas, lui. Il ne voit pas votre sang asphyxié dans la monotonie, vos ongles rongés dans l'attente. Vos veines oppressées par l'envie de fuite. Et ce temps qui ne s'écoule plus, ne vous vole rien, mais vous refuse tout. Chaque jour, vous vous écorchez un peu plus la chair sur une vie si ordinaire qu'elle en devient tranchante. Vous bousculez un homme, puis un autre, face au supermarché. Ils se retournent sur vous. Alors, vous vous mettez à courir. De plus en plus vite. Vos talons claquent sur le bitume. On vous devine perdue dans une folie dévorante. La gorge vous brûle, les mots s'accumulent. Vous voudriez cracher ce dégoût de vous-même, de votre existence, cette honte qui vous terrasse.
Au bout de la rue, il y a la gare. Un train qui s'engage sur le quai.
Vous collez votre joue brûlante sur la vitre froide, rassérénée par le ronronnement du train. C'est décidé, vous allez partir. Le murmure se fait grondement. Ailleurs… Laisser derrière vous l'aveugle, le sourd. Oublier. Une autre vie, différente. Vous descendez du train, suivez le panneau "Grandes Lignes". Au guichet, il n'y personne, seulement un couple devant vous. Leurs mains se cherchent, ils s'aiment. Ils sont sereins. Vous, vous n'êtes qu'un terrain en friche dans lequel l'angoisse s'est enracinée. Incapable de trouver la manière de l'arracher. Les racines sont profondes, vénéneuses. Incapable. Coupable ? Vous avancez vers vous-même.
"Qu'est-ce que tu faisais pendant tout ce temps ? Tu n'es pas allée faire des courses ? Je commençais à sérieusement m'inquiéter !
-En fait, j'ai rencontré une vieille amie, on a discuté autour d'un verre…
-Ah, bon, très bien, mais tu aurais pu me prévenir, enfin… C'était encore la même amie que la semaine dernière?
-Oui, mais aujourd'hui, on a longuement discuté, elle a pris des décisions cruciales pour elle-même…"