"Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères..."
Nous aurons des lits aux parfums ennivrants,
Aux senteurs capiteuses, aux odeurs de nos corps.
Des lits aux draps froissés, des lits toujours défaits,
Des lits où flottent encore nos accès vers Ailleurs,
Nos soupirs d'horizons.
Une fenêtre immense ouverte sur le ciel,
ouverte à tous les cieux, qu'importent leurs couleurs!
Une fenêtre ouverte pour que nos rires s'envolent
réchauffer des passants
Jaloux de n'être que ça
Jaloux de ne faire que passer
Devant la fenêtre rieuse
Sans pouvoir s'arrêter pour se gorger de bonheur.
Nous aurons un fauteuil où nous enfouir,
où nous enfoncer peu à peu,
où disparaître de tout,
où disparaître au monde,
Enlacés à notre amour,
Ensevelis lentement.
Un passage, une bulle, une retraite.
Puis dans un souffle, d'un seul pas,
nous reviendrons vivre.
Nous aurons des horloges muettes
figées à l'heure d'Ensemble,
Des horloges immobiles qui nous regarderont
Avancer.
Et quand, dans un chuchotis, les aiguilles vaines
réaliseront qu'elles ne sont plus,
Mille éclats d'heures parsèmeront le sol de notre chambre
dans une explosion
d'éternité.