| COURT METRAGE |
« Tu vas prendre quoi comme musique d"intro ? »Me demanda la fille aux cheveux roses.
- Heu … On my shoulders.
- Quoi, celle qui passe à la télé ? Sa bouche partait dans tous les sens quand elle parlait. Ses yeux fixent ne semblaient rien voir. Des cernes immenses dénonçaient le manque de sommeil. Je n’osais pas imaginer mon état.
- Non. J’sais pas… Elle passa à la télé ?
- Ben ouais!
Je m’étais assoupie et j’avais rompu le fil de notre conversation.
« Je prendrais On my shoulders.»
J’avais annoncé ça de façon à clore la conversation. Fini. Nada. Terminé. Mais mon interlocutrice ne le prenait pas de cette oreille.
- Comment comptes-tu t’y prendre ?
Je poussai un profond soupir.
- Ben… en fait, je vais me taper l’incruste dans une ambulance toute une nuit. Point.
En gros, c’était ça. Evidemment je m’attendais à plus de questions. J’avais étais vague pour lui montrer, sans être odieuse, qu’elle me fatiguait. Mais ce n’est pas le type de fille qui comprend ce genre de
subtilité. Je lui lançai un coup d’œil derrière ma frange : la veinarde avait trouvé le sommeil avant moi et j’avais tout intérêt à la rattraper si je voulais réussir mon court métrage.
Demain soir…
Demain soir me conduirait sur les marches de Canne ou… derrière une caisse de Super avec, en guise de bagages, quelques rêves brisés.
* * *
J’avais mis un jean, une paire de basket et un sweat gris. Mon sac bandoulière plaqué contre ma cuisse.
Autour de moi : un brancard, le même que dans les séries bidons (je n’aime pas les prendre comme références mais la ressemblance était troublante ), un support perfusion, une arrivée d’oxygène et des placards contenant des médicaments (j’avais déjà mis mon nez partout, bien entendu ).
J’avais l’agréable pressentiment que tout se déroulerait bien, sauf pour ces pauvres patients qui auraient affaire à ces idiots d’ambulanciers : ils avaient laissé les portes du camion ouvertes.
Aucune jugeote.
J’étais anxieuse. Pas à l’idée de voir du sang, des blessés qui gémissent, des morts, … Non. Je me demandais si un tel film serait accepté. Après tout, ce serai du pur jus de vérité assaisonner d’hémoglobine.
Les portent claquèrent. J’entendis les voix de mes futurs chauffeurs. Puis le moteur vrombit.
L’excitation m’envahit. Je tremblais ; pire qu’une feuille en plein ouragan. Mon cœur battait si fort que mon souffle en était coupé.
Le comble serait que ce soit moi la patiente !
Je n’entendais rien du coté des chauffeurs, à part de grands éclats de rire. Un peu trop fréquent pour des gens qui s’apprêtait à affronter la mort.
Peu être était-ce leur remède contre la folie qu’inspirait ce parcours quotidien.
* * *
« Déjà ? »
L’ambulance freinât avant de s’arrêter. Je n’avais même pas entendu le gyrophare.
[ A SUIVRE ]