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 Souffrance d'une rencontre

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Vincent C
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Vincent C


Nombre de messages : 49
Date d'inscription : 10/12/2008

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MessageSujet: Souffrance d'une rencontre   Souffrance d'une rencontre EmptySam 24 Jan à 11:00

Liza était une femme qui plaisait aux hommes, et elle le savait. Elle venait d’un pays où la vie est une lutte, contre la nature, contre le froid, contre les autres. Les hommes y boivent de la vodka pour se réchauffer le corps, et les femmes s’y frottent pour se réchauffer à leur tour. A cela s’ajoute une tradition littéraire dans laquelle les sentiments sont aussi aiguisés que les sabres Dans ce pays guerrier et romanesque, duels et relations amoureuses se terminent souvent par une sentence : malheur aux vaincus.
Elle était allongée sur le transat d’un hôtel cinq étoiles, et lisait paisiblement, trop paisiblement. Pour elle, l’ennui était plus redoutable que le froid ou la faim qu’elle n’avait jamais connus. Elle en avait fait son pire ennemi, la chose à fuir absolument, et à n’importe quel prix. A ce titre, elle était toujours à la recherche du pire partenaire possible, pourvu qu’il soit riche.
La trentaine passée, elle avait un corps encore désirable auquel son âge conférait aux hommes la certitude de l’expérience. Elle était un peu ronde, mais cela ne la gênait pas, les hommes qui cherchent des partenaires filiformes sont de toute façon plus attirés par les femmes d’au moins dix ans plus jeunes. Ainsi elle gagnait du temps, consciente qu’elle ne pouvait pas plaire à tout le monde, elle préférait avoir un homme à ses pieds que de nombreux prétendants prêts à la quitter pour la première nymphette venue.
Et puis un homme arriva.
« Bonjour, je peux vous offrir un verre ? demanda-t-il.
Elle le regarda de ses yeux clairs.
- Si vous voulez »
Il la regarda franchement, dans les yeux, pendant presque plusieurs secondes.
« Un mojito » Ajouta-t-elle avec un sourire.
Pour lui la chose était entendue, il allait la baiser, ça n’était qu’une question de temps – probablement quelques heures, peut-être moins – et d’argent – quelques dizaines d’euros tout au plus. Ça aurait été plus compliqué si elle lui avait posé une question personnelle, ou même si elle lui avait demandé son nom. Il connaissait bien ce type de femmes, intéressées et manipulatrices. Elles l’avaient toujours attiré mais après une trentaine d’années à les côtoyer, il avait appris à les apprivoiser.
Pour elle aussi, la chose était entendue, elle allait probablement se laisser baiser, pour peu que cet homme fasse les efforts nécessaires, et qu’il continue à la distraire.
Elle se leva et marcha jusqu’à la piscine. Elle portait un maillot de bain deux pièces, un maillot très raisonnable, blanc et fleuri, très légèrement échancré. Elle ne voulait pas passer pour une femme facile, et encore moins pour une prostituée.
L’homme la regarda. Il admira sa démarche légèrement cambrée, puis posa son regard sur ses fesses rebondies, qu’un instant il imagina pétrir.
Elle nagea quelques minutes d’une brasse élégante, et remonta lorsque son verre était arrivé. L’homme l'avait posé près de lui et feignait de s’être assoupi. Elle s'approcha et ne put s’empêcher de laisser tomber quelques gouttes d’eau de sa chevelure blonde sur le torse de l’homme afin de le réveiller. Il ouvrit les yeux et la contempla. Elle s’installa sur le transat à côté de lui.
« Merci pour le mojito. C’est quoi votre nom ? »
La conversation dura une petite demi-heure, pendant laquelle elle but deux autres mojitos. Il s’appelait Philippe et avait quarante deux ans, elle ne prêta pas attention aux autres détails de sa vie. De toute façon il mentait probablement.
« Voulez-vous monter dans ma chambre ? Nous y serons plus tranquilles. finit il par lui demander.
- D’accord mais je n’aimerais pas que vous vous fassiez des idées. répondit elle avec beaucoup d’assurance.
- C’est juste pour vous offrir un autre cocktail. lui murmura-t-il à l’oreille.
- Alors c’est d’accord, mais on ne s’embrasse pas et vous ne me touchez pas. Je vous suis juste pour boire un dernier verre » ajouta-t-elle avec un air sérieux, mais qui manquait un peu de naturel.

En fait, elle trouvait cet homme beaucoup trop sur de lui pour céder si vite à ses avances. Il lui plaisait, mais ça n’était pas des sentiments qu’elle était venue chercher aujourd’hui, et il était de la trempe de ceux dont elle savait pouvoir tomber amoureuse. Dommage pour lui, ça n’était ni le bon endroit, ni le bon moment, ou bien ça n'était pas la bonne personne.
Il fit mine d’hésiter un peu. Il pouvait partir et lui laisser son numéro de téléphone, elle le rappellerait surement. Mais il n’avait pas envie de commencer une histoire normale avec elle. Cette femme avait décidé de jouer avec lui, et pour ça, il la détestait déjà.
« Je vous invite juste à venir prendre un verre dans ma chambre, n'y voyez aucune arrière-pensée de ma part » lui dit il, alors que dans son regard passait la lueur froide du prédateur.
Elle aurait probablement pu voir cette lueur si elle n’avait pas autant bu. Sans méfiance et savourant sa victoire, elle suivit cet homme qui lui avait fait allégeance. Peut-être lui demandera-t-il son numéro et commenceront-ils une belle histoire, mais en attendant elle voulait se sentir désirée.
Ils s’installèrent sur le lit et il alla chercher une bouteille de gin dans le minibar pour préparer deux verres. Après quelques minutes pendant lesquelles ils ne parlèrent de rien de précis, il tenta de l’embrasser et de la prendre dans ses bras. Elle le repoussa gentiment mais fermement.
« On avait dit, pas de baiser et tu ne me touches pas, lui dit elle avec une moue un peu boudeuse, ne gâche pas tout »
C’est ce « ne gâche pas tout » qui conforta Philippe dans sa première intention. C’est dommage, il aurait pu la laisser partir. Il profita d’un instant pendant lequel elle alla aux toilettes. Ça n'était plus un désir purement sexuel qui l'animait, il s'y était mêlé une forme d'hostilité, à ce stade là il ne pouvait plus reculer.

Elle se réveilla et mit quelques secondes à réaliser où elle était. Elle ne ressenti la douleur qui lui vrillait le crâne qu’au moment où elle essaya de se lever. Elle se souvenait de cet homme qui l’avait invitée dans sa chambre, et puis elle ne se souvenait plus de rien. Elle senti la honte monter en elle, lentement, des orteils jusqu’à la gorge, puis cette honte emplit sa tête, fit rougir son visage et se mit à déborder en sanglots. Elle avait été droguée, abusée, et traitée comme un objet. Pendant une nuit, il en avait fait sa chose. Et la douleur physique qu’elle ressentit lorsqu’elle s’assit sur le bord du lit, n’était rien par rapport à celle, plus morale, qui lui parcourait tout le corps comme des décharges électriques.
Lui, était au bar du lobby de l’hôtel, buvant son café et lisant son journal. Il savait qu’elle allait partir, quitter la chambre, se sauver de cet hôtel dans lequel elle était venu tromper son ennui. Au pire, la femme de ménage la réveillera et tout sera de toute façon terminé dans quelques heures.
Liza se leva, prit une douche, brulante, chercha ses vêtements, et se rhabilla. Elle voulait oublier, ne pas être venue, se dire que rien n’était arrivé. Mais elle savait que son corps avait été meurtri, violenté, et qu’il faudrait du temps pour aller mieux, pour peu qu’un jour elle aille mieux – malheur aux vaincus.
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moi
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MessageSujet: Re: Souffrance d'une rencontre   Souffrance d'une rencontre EmptyMar 27 Jan à 0:57

Triste. Dur. Bien écrit. j'aime vraiment. Par contre heureusement que je suis de bonne humeur sinon ça m'aurait déprimé.
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Vincent C
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Vincent C


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MessageSujet: Re: Souffrance d'une rencontre   Souffrance d'une rencontre EmptyMar 27 Jan à 2:05

merci
désolé pour la déprime, heureusement d'autres textes sont plus optimistes Souffrance d'une rencontre Sautille

à bientôt
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MessageSujet: Re: Souffrance d'une rencontre   Souffrance d'une rencontre Empty

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