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 SF 4 On prépare sa sortie

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Vincent C
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Vincent C


Nombre de messages : 49
Date d'inscription : 10/12/2008

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MessageSujet: SF 4 On prépare sa sortie   SF 4 On prépare sa sortie EmptyVen 7 Aoû à 11:02

L’endroit était sordide. La lumière émanant des néons laissait deviner des visages fatigués. On trouvait de tout dans ce bar. De l’alcool bien sûr, mais aussi, pour un peu plus cher, des armes et des amphés. Une poignée de filles faciles finissait de rendre l’endroit réellement dangereux. Spike s’y était souvent battu, pour un cachet ou pour le sourire prometteur d’une fille en manque de quelque chose. Il avait toujours été chanceux.
L’homme était assis dans l’une des petites salles où des couples avaient l’habitude de venir se frotter. Spike l’aborda brutalement.
« Il parait que tu aides les gens à partir ?
- J’aide les gens à faire ce qu’ils ont envie de faire. Je n’incite personne à partir, je donne juste quelques conseils. répondit-il.
- Tu sais comment passer les frontières de la ville ?
- Je connais un moyen ; mais il n’est pas sans danger.
- Et qu’est-ce qui me prouve que tu n’es pas un provocateur et que ton moyen ne m’envoie tout droit au casse-pipe ? »
Les provocateurs travaillaient pour les gardiens. En 2010, bien avant l’unification des états, certains pays comme la France avaient élaboré la notion de droit d’« intention d’acte illégal ». Les gens qui exprimaient la volonté de commettre un crime ou un délit étaient passibles des mêmes poursuites que s’ils l’avaient commis.
Le gouvernement de l’époque avait eu du mal à instaurer un tel système, il l’avait mis en place par petites touches. Dans un premier temps, il s’appuya sur ce qu’il y avait de plus tabou et de plus repoussant dans la société occidentale. À l’époque où tout le monde disposait d’un ordinateur et était relié au net, la première loi d’une longue série pénalisa la « possession ou visualisation d’images évoquant des actes sexuels sur mineurs ». Bien sûr, nul n’osa s’y opposer, pas la moindre protestation ne fût émise lors de l’incarcération de ce chômeur dont l’ordinateur avait été saisi et sur lequel étaient stockés des dessins animés mettant en scènes des personnages étaient ostensiblement juvéniles, voire enfantins. L’homme eu beau plaider coupable et se défendre en assurant qu’il n’avait jamais fait de mal à personne, il fut condamné à douze ans fermes. L’accueil réservé en prison aux pédophiles étant ce qu’il est, il ce suicida un mois plus tard. On le retrouva pendu dans sa cellule, son corps couvert de brulures post et ante mortem n’entraina aucun complément d’enquête.
Quelques mois plus tard, après un fait divers particulièrement sordide qui défraya la chronique sur une affaire de kidnapping suivi d’actes de torture avec demande de rançon organisé par une trentaine d’individus, une nouvelle loi punissait l’« appartenance à une bande en toute connaissance de cause » d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison, avec un minimum de six mois. Encore une fois, personne n’osa protester.
Pendant une dizaine d’années, chaque fait divers entrainait une nouvelle législation à laquelle nul n’osait s’opposer sérieusement tellement l’émotion suscitée chez les citoyens était forte, il faut dire aussi que les médias s’en donnaient à cœur joie. Seuls quelques sociologues osaient parfois s’inquiéter, mais personne ne les écoutait. Au bout de quelques années, ce qu’ils redoutaient étaient pourtant arrivé. À force de criminaliser à outrance, on avait rendu la société encore plus dangereuse, et tous ceux qui se seraient contenté de braver l’ordre public en refaisant le monde avec des amis autour d’une bonne bouteille n’avaient pas d’autre choix que de se laisser anesthésier doucement devant des programmes TV toujours plus violents et abrutissants, ou de s’opposer frontalement à l’ordre établi.
Paradoxalement, ce fût après l’Unification des Etats, qui était censée empêcher toute guerre à venir, que de nombreux mouvements contestataires émergèrent sur toute la planète. Sur tous les continents, des groupuscules ultra-violents se formèrent pour tenter de renverser un système pourtant démocratique. La répression exercée par les « gardiens », détenteurs de l’autorité, et regroupant tout ce que l’ancien monde comptait de personnel armé et autorisé à tirer, ne laissa que peu de contestataires en vie. Tous ceux qui s’opposaient au système ultra répressif en place furent massacrés, et même ceux qui n’avaient pris part à aucun évènement violent, furent traqués, et abattus, ou disparurent sans laisser de trace. Seuls quelques-uns, qui avaient eu la bonne idée de garder l’anonymat malgré le fait qu’ils n’avaient rien à se reprocher, parvinrent à échapper aux rafles et aux tueurs d’élite de cette entité supranationale dont la seule mission était de faire respecter l’ordre.
Spike était loin de ces idées révolutionnaires, mais il se méfiait des inconnus, et plus particulièrement de ceux qui tenaient un discours politique.
L’homme paru amusé à l’idée d’être pris pour un provocateur.
« Ne t’inquiète pas, je sais que nous vivons dans un monde dangereux et qu’il n’est pas bon de faire part de ses idées. Comme je te l’ai dit, je vais juste te donner un moyen de quitter la ville, libre à toi de l’utiliser ou pas.
- OK, je t’écoute, mais je ne suis pas sûr de partir grâce à tes conseils.
- Je te l’ai dit, tu es libre, et de toute façon, tu feras ce que tu voudras quand tu voudras. »
La conversation ne dura pas très longtemps, l’homme prétendait s’appeler Yago et semblait connaitre beaucoup de choses sur la façon dont les gardiens verrouillaient la ville.
D’après lui, il n’y avait que trois façons de franchir les barrages.
Le moyen le plus connu, c’était de passer par un tunnel, mais il fallait payer une forte somme à son propriétaire, sans aucune garantie que les gardiens n’attendent pas à la sortie, mais de toute façon Spike n’avait pas d’argent.
L’autre solution était de voyager avec les marchandises. Les villes continuaient à importer des biens, et cela nécessitait certains points de passage plus ou moins bien contrôlés, le problème c’était que cette solution pouvait être séduisante pour rentrer clandestinement dans une ville, mais pas pour en sortir. Les centres urbains ne fabriquaient, et donc n’exportaient, plus rien depuis la crise industrielle.
En fait, les seules matières qui quittaient la ville étaient celles dont elle voulait se débarrasser. Yago expliqua à Spike que l’un des moyens les plus sûrs de s’en aller sans se faire attraper était de voyager avec les détritus.
Au cours de la conversation, la méfiance de Spike se relâcha un peu. Yago s’en rendit compte et en profita pour poser quelques questions plus indiscrètes. En fait, il cherchait surtout à savoir pourquoi Spike voulait quitter la ville. Fuyait-il quelque chose ? Sur ce point, Spike estimait n’avoir rien à cacher, s’il voulait quitter la ville sans déclaration officielle, c’était à cause de son aversion pour l’administration, sa lenteur, et le caractère discrétionnaire des décisions qu’elle rendait ; de ses quelques passages à la préfecture, il n’avait retenu que le mépris et l’arrogance des employés. La première fois, c’était pour remplir un certificat de fiançailles, il se souvenait de sa conversation avec la secrétaire comme si c’était hier :
« Et vous l’avez rencontrée où votre copine ?
- Au Shampoo Bar, pas loin de chez moi.
- C’est un bar à putes ça ? »
La question, dans la bouche de cette veille bonne femme, était le seul moyen qu’elle ait trouvé de rappeler à Spike que le bonheur n’est pas à la portée de n’importe qui, et surement pas à celle de deux jeunes issus des bidonvilles. Il avait eu une pensée pour sa fiancée du moment – Leila – qui, comme la plupart des filles qu’il connaissait, ne refusait pas un peu de cash ou quelques tickets de rationnement, mais après tout, elle avait bien le droit d’être heureuse elle aussi, et puis il avait giflé la secrétaire, le plus fort possible, pour laver l’offense. Ça lui avait valu deux mois de prison et une profonde aversion pour l’administration en général et l’autorité en particulier.
Yago connaissait quelques endroits où il était possible de se mêler aux détritus avant qu’ils ne sortent de la ville. Spike les mémorisa soigneusement et quitta l’homme énigmatique avec un sentiment diffus de méfiance et de chance à tenter.
Yago sorti ensuite un carnet de sa poche, y nota la description de Spike afin de la donner au gardien qui le rémunérait, cela lui rapporterait une bonne prime si ce jeune voyou se faisait prendre.
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