Lignes de force 1
« Prendre »
Prendre ton doux visage entre mes dix doigts.
Ne pas parler.
Juste te regarder.
Des heures, des jours, des semaines, des années.
Prendre ton doux visage comme on berce un bébé.
Moment suspendu dans le temps.
Eprouver le besoin impérieux, irrésistible
De te protéger, de te chérir.
Prendre ton doux visage comme on prend la route
Sans penser à demain, sans se retourner
Te toucher comme on touche une statue Inuit
Chaude, souple, si tendrement vulnérable.
Capter ton regard au milieu de la foule.
L’accaparer, le garder au fond de mes yeux.
Te déclarer sans paroles
Comment mes artères se sont remis à vibrer
Pour toi.
Grâce à toi…
Prendre ton doux visage comme on prend le large
La proue vers l’horizon, dans le grand bleu.
Déclamer comme Homère :
Il y a trois sortes de gens,
Les morts et les vivants et ceux qui sont en mer.
Simplement…
Il y a trois sortes de gens,
Les morts, les vivants et nous qui nous aimons..
Nous, nous deux
Assis, visage contre visage
Des lèvres mordant d’autres lèvres.
Se dire nos désirs impatients et précis
Sans pudeur aucune et sans hypocrisies.
Vivre de caresses et de baisers.
S’aimer doucement dans le grand silence de l’après-midi
Mais surtout
Prendre ton doux visage entre mes dix doigts
Et l’embrasser toujours comme boire à un puits