Ligne de force 2

Lignes de force 2
« Jour de visite »




Pouvoir un court instant
Détruire le grillage qui nous sépare
Tant de gens nous aiment…
Nous qui ne pouvons nous aimer librement.

Nos mains se touchent
S’effleurent nos lèvres, subrepticement…
Catimini.
Câlins minus
Calamités du mercredi, jour de visite…

Mercredi, jour des enfants…
Ce n’est pourtant guère le jour pour en fabriquer…
Même pour de faux.
Elle est terrible la tyrannie du peuple des petites gens…
Dictature bon enfant !
Tant de gens nous aiment.
Trop de gens nous aiment.
Nous qui ne pouvons nous aimer librement.

Pouvoir une journée détruire la vitre qui nous sépare.
Nous sommes innocents et condamnés
Condamnés par le dogme des conventions,
Des bien-pensants et des principes…
Des principes bien plus forts que la liberté d’aimer…

Pouvoir t’embrasser…
Pouvoir te caresser…
Pouvoir te toucher
Pouvoir te sentir…
T’entendre gémir…
Te voir défaillir…
Réduire en poussière le mur de la honte, de la morale.
Se retrouver dans un No man’s land du désir.

Ce lien qui nous lie
Le mercredi…
Ce sont nos regards
Nos regards qui s’attardent.
Qui défendent à nos gestes de s’accomplir.

Qu’y a-t-il de pire ?
Ne plus te voir ?
Te voir et ne pas pouvoir te toucher ?
Le pire…
Le pire serait de ne plus t’aimer.

Avons-nous encore beaucoup d’épreuves à passer ?
D’obstacles à franchir…
Avant que nos peaux se rejoignent et se mêlent.
Innocents et condamnés
Condamnés par nous-mêmes.
Passions et frustrations
Délivrance et patience
Salé-sucré, doux-amer, chaud et froid
Nos vies oscillent sans cesse…

Pour ne pas hurler par delà les couloirs,
J’écris…
C’est ma ficelle pour m évader.
Pourrais-je te la prêter ?
Le temps est long en mer
Aux navigateurs solitaires
Une escale toutes les trois semaines
Je retiens le temps avec mes dents usés.

Pouvoir une nuit entière
Briser les tabous qui nous enserrent
Redécouvrir nos bouches et nos corps
Pousser les feux jusqu’aux matins
Jusqu’à plus faim.
Jusqu’à plus soif.
Oublier tout le reste…
Les cris, le froid, les pas des matons
Le monde et ses tumultes…
Rien que deux navigateurs solitaires
En escale sur l’îlot de ton lit.
S’étreindre, se prendre, s’interpénétrer
Nos vies et nos esprits blessés en dépendent.

Attendre, respirer à fond, un bon coup…
Et plonger…
Et surtout, oui surtout.
Prendre ton doux visage entre mes dix doigts
Et l’embrasser toujours comme boire à un puits.

Superbe ! j'ai eu du mal à comprendre entièrement la situation avant certains passages ( ) et puis le lien avec le premier poème est tout simple mais parfait !