-pour Lune et Antigone-
La Littérature est ingrate... Il faut tout lui donner, et cependant savoir ne rien attendre d'Elle...
J'ai connu beaucoup d'écrivains. Chacun d'entre eux avait un but différent, mais tous servaient la Littérature. Tous, à un moment de leurs vies, ont cru en Elle, en Son pouvoir. Et tous Lui ont tout donné... Un d'entre eux a cherché après la perfection toute sa vie, sans seulement se rendre compte qu'elle n'existait que dans ses textes... Un autre encore, dont les rêves étaient merveilleux, n'a subitement plus voulu les faire partager...
Les rêves... Voilà sans doute le seul moteur de toute une Génération d'Auteurs... Les rêves, et l’imagination…
Moi, je rêve d'un Tombeau de Papier...
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Mon histoire n'a rien d'extraordinaire... Juste celle d'un écrivain ordinaire, non reconnu car hors de son temps.
Je pense que tout a commencé en classe de CE1... Ce fut ma première rencontre avec Elle, la Littérature... Jusque là, je n'avait fait qu'apprendre ces poésies qui n'ont pour but que de plaire aux enfants, afin qu'ils s'entraînent mieux à apprendre. Puis un jour, on m'a fait apprendre du Rimbaud... "Le Dormeur du Val"... Ce fut, je pense, la révélation! C'était donc ça, la Poésie... Et la même année, on m'a fait lire "Le Petit Prince" de St Exupéry. Depuis, je l'ai lu un nombre incalculable de fois... Il restera, je pense, mon livre fétiche...
Cependant, je restais discret... Oui j'aimais lire. Mais ce qu'on voulait bien me faire lire. Ce n'est que bien plus tard que je déciderai de prendre l'initiative... En attendant, je lisais, je lisais. Parfois, à l'occasion d'une fête des mères, à la demande expresse de mon professeur, je prenais la plume, et sans me prendre au sérieux, je jouais les apprentis poètes.
Et ce qui devais arriver arriva...
Un beau jour de printemps, je devais alors avoir 9 ans, j'ai décidé de mon propre chef d'écrire un poème... Il n'était pas bien méchant, mais il reste cependant la première chose que la Muse m'ait soufflée... Le voici tel que je l'ai écrit :
La Belle Saison
Quand vient la Belle saison
Les arbres préparent leurs bourgeons.
Le soleil fait de gros efforts
Pour ressembler à une boule d'or.
Quand le printemps est presque là,
Les fleurs qu'a plantées mon Papa
Finissent leurs parures
Pour pousser auprès des murs.
Et enfin, quand c'est l'été,
Elles se mettent à pousser.
La machine était lancée. On ne l'arrêterait plus...
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Les rêves, l’imagination, et l’espoir…
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La plupart des écrivains oublient en écrivant une chose essentielle : il ne faut pas écrire pour plaire aux autres, mais pour se plaire à soi, pour son propre plaisir... Si cela nous plaît, cela plaira aux autres... C'est vrai que ça paraît évident, mais moi-même je l'oublie parfois... Et lorsqu'on oublie cette chose fondamentale, c'est ce qu'on appelle la "sècheresse littéraire"... Plus moyen d'écrire ne serait-ce qu'une ligne... Et le doute vous assaillie, et vous remettez tout en question, jusqu'à se rendre compte que, oui, définitivement, on écrit bien pour soi... Ce sont des périodes difficiles, pour un écrivain, vous savez... Combien ont alors renoncé à écrire à nouveau... Ils avaient torts! S'ils savaient seulement su ce qu'ils auraient écrit...
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Les rêves, l’imagination, l’espoir, et l’amour…
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Si j'écris, c'est en espérant follement me faire une place, dans un Tombeau de Papier... Qui suis-je après tout ? Qu'une bougie dans la tempête... J'essaie de briller du plus fort possible, qu'importe si je dois me consummer plus vite. Je pousse mon cri, par dessus la tempête d'un monde sans queue ni tête, en espérant follement être entendu.
C’est pourquoi voilà 37 années désormais que je ne vie que pour écrire un roman…
Écrire un roman…
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Surtout l’espoir…
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Désormais je ne suis plus rien… La bougie s’est éteinte…
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Rêves. Imagination. Espoir. Amour.
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Ironie du sort, je suis mort le jour même où j’ai enfin fini mon foutu roman…
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Surtout de l’espoir…
-Coimbra, mai 2003.-