Polar - 04 - Arrivée sur Paris

Je me suis rendu à Paris le lendemain de ma rencontre avec mon mystérieux employeur. Assassiner la première dame d’un pays peut demander des mois de préparation et je ne voulais pas perdre une journée. J’allais rester là-bas assez longtemps, ainsi le lien entre le crime et mon séjour sur place serait plus difficile à faire, ce qui me permettait de voyager de façon légale. Se rendre dans un pays sous sa véritable identité pour y exécuter quelqu’un dans les jours qui suivent et repartir aussitôt revient à lisser son nom sur le cadavre, mais si l’on reste plusieurs semaines, on se trouve noyé dans la masse de touristes. Cela permet de circuler tranquillement tant que l’on n’est pas armé, ce qui est un luxe que beaucoup d’immigrés clandestins aimeraient pouvoir se payer. Pour les armes justement, j’avais confié mon attirail au réseau de passeurs de clandestins avec qui je traitais habituellement, je devais le récupérer la semaine suivante.
Je m’installai dans un hôtel confortable de Saint Germain des prés et commença à élaborer mon plan d’action. J’avais plusieurs options pour agir. La plus naturelle était de fréquenter le quartier de ma cible jusqu’à, éventuellement, la croiser. Là, je pouvais tenter de déterminer ses habitudes et préparer une embuscade, ou l’abattre sur le champ dès que les conditions me semblaient correctes. Cela pose néanmoins des problèmes. Le premier étant que si j’avais lu dans un article people qu’elle résidait dans le quartier où j’avais choisi mon hôtel, rien ne m’indiquait plus qu’elle continue à y vivre, elle pouvait très bien s’être installée ailleurs depuis, ou pire, l’article pouvait très bien être erroné. La deuxième difficulté réside dans le fait que les gens comme elle fréquentent des endroits à la fois peuplés et surveillés, ce qui ne facilite pas ma tâche. J’optais donc pour une autre solution, l’abattre lors d’une apparition publique. C’est d’ailleurs le type d’exécution privilégié par les professionnels quant ils ne disposent pas d’informateurs dans l’entourage de leur cible.
Dans un premier temps, je décidais de me limiter au territoire français. Certes le service de sécurité serait plus important que dans certains autres pays dans lesquels elle pouvait se rendre, mais accumuler les passages de frontières, les reconnaissances, et le fait que je devais me procurer mon armement sur place, me semblait beaucoup trop hasardeux pour m’y risquer. C’était décidé, j’exécuterai mon contrat en France.
Il restait néanmoins un problème de taille, à moins d’avoir d’excellentes relations dans le monde politique ou journalistique national, il est presque impossible de savoir à l’avance où et quand aura lieu la prochaine apparition en public de la première dame de France. Il ne me fallut que peu de temps sur internet pour vérifier ce que je soupçonnais, j’allais devoir attendre le 14 juillet, « Bastille Day » comme on dit partout ailleurs, pour agir. Nous étions mi-mai, cela me laissait tout juste assez de temps pour préparer l’un de ces assassinats qui restent dans l’histoire.