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 Entre les Montagnes Noires [titre provisoire]

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Hiraeth Dùnadan
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Hiraeth Dùnadan
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MessageSujet: Re: Entre les Montagnes Noires [titre provisoire]   Entre les Montagnes Noires [titre provisoire] - Page 3 EmptyDim 26 Nov à 18:17

bon voilà voilà.......


si ça intéresse encore quelqu'un par ici.....


« Da eo Gwido ? »
Ewen’il s’était relevé précipitamment, affolé, ne sachant comment réagir, il reculait vers la porte, un flot de paroles inintelligibles se déversant hors de sa bouche.
La jeune fille, debout, les sourcils froncés, la main posée contre le mur dans une pose théâtrale, le fit taire d’un geste.
« Tu… Tu es le nouvel esclave du Narvunzak ? » risqua-t-elle d’un air hésitant.
Ewen’il s’immobilisa, interdit. Si les gens d’ici parlaient sa langue, voilà qui allait grandement arranger ses affaires.
« Où est Gwido ? »
Elle parlait en détachant soigneusement les syllabes, la mine concentrée.
« Je… Il est resté en bas, il m’a envoyé ici, je ne sais pas pourquoi, et… »
Elle l’interrompit.
« Parle moins vite. Je n’ai pas compris. »
« Il n’avait pas l’air de vouloir venir. » reprit distraitement Ewen’il.
La jeune fille parut ébranlée. Elle se détourna d’Ewen’il, qui, mal à l’aise dansait d’un pied sur l’autre.
Elle se retourna soudain vivement vers lui.
« Qu’est-ce que tu fais encore là ? » jeta-t-elle d’un ton impérieux.
Lentement, Ewen’il quitta la pièce.

La nuit l’enveloppait tout entier, coulait autour de lui, comme si elle avait été liquide. Des milliers et des milliers de minuscules points brillants, qui dansaient, tournaient en rond avec frénésie, malmenés par le vent violent, piquetaient le ciel sombre. La Lune, qui aurait atténué leur éclat, était absente. Au-dessous, bas, si bas, une forteresse tout de granit surmontait un piton rocheux, étendant son ombre sur le pays. Au sommet de la plus haute tout, au plus loin du sol, au plus près du ciel, se détachait nettement sa silhouette pâle sur les ardoises sombres. Le vent le fouettait, ramenait ses cheveux noirs dans ses yeux. Son long bras blafard se tenait fermement au mât de l’étendard planté sur le toit. Si un quelconque observateur avait pu se trouver là, il aurait pu distinguer tout le réseau palpitant de ses veines bleuâtres qui parcourait son corps. Il haletait, près à lâcher, ses pieds nus dérapant sur les ardoises lisses. Le froid, tellement froid… Il serra les dents, redressa la tête, son bras gauche si crispé que ses jointures saillaient, et lança son bras droit vers le ciel, la main tendue. Une étoile, presque distraitement, arrêta sa course folle. La sueur coulait le long de son dos, glacée. Il y eut une petite secousse, comme si l’étoile se décrochait du ciel, et lentement, si lentement, elle glissa dans ses doigts tendus, minuscule boule de feu et de rêves, arrachée aux ténèbres. Ses traits formèrent un sourire enfantin, un sourire de bonheur pur. Il replia les doigts sur elle. Une dernière bourrasque qui faillit l’emporter, puis il se laissa glisser jusqu’au bord du toit, s’écorchant les genoux, et rentra dans la tour par la fenêtre ouverte.

« Rodolf, je t’ai fait appeler pour te confier une mission importante. »
Debout face à une étagère, Erik examinait attentivement les bocaux alignés. Il en saisit un, l’ouvrit, le renifla. Enfin, avec mille précautions, il y déposa la minuscule étoile. Il s’agissait presque de la seule source de lumière de la pièce : une misérable bougie achevait de se consumer sur une table encombrée de rouleaux et de parchemins, mais aussi de toutes sortes d’outils étranges et de substances non identifiables. L’étagère couvrait tout un mur, les autres suintaient d’humidité. Dans le dos d’Erik, Rodolf garda un visage impassible. Il était plus jeune de quelques années que son cousin, et pourtant il paraissait de loin le plus âgé des deux. Sa peau bronzée, tendue surs ses muscles gonflés, offrait un étrange contraste avec les membres pâles et rachitiques d’Erik, mais ils avaient les mêmes yeux, les mêmes cheveux noirs. L’un vivait le jour, l’autre presque exclusivement la nuit. Un serpent de bronze enserrait le biceps de Rodolf.
« Pour le Mordrinac. J'ai envoyé des troupes au Nord, pour des attaques ciblées. Personne ne doit soupçonner qu'il s'agit d'une armée organisée. Nous attaquerons par le Sud, pour prendre Penbroc'h et Morvitéaus le plus vite possible. Les troupes du Nord redescendront et nous tiendrons le pays tout entiers."
Tout en parlant, il indiquait les points stratégiques sur une vielle carte toute rapiécée, déroulée sur un coin de la table. Rodolf l'écoutait en silence.
"Je ne peux pas conduire les troupes. J’ai besoin de temps. Je n’ai pas fini mes expériences. Je ne sais pas encore clairement comment détruire Morvitéaus. »
Il avait l’air si faible, si jeune, les yeux agrandis par l’angoisse.
« Je te délègue le commandement. Veille à ce que le Mordrinac croie que tu es Naârkul. Je ne peux pas éviter d’envoyer Rodhelm également. Je n’ai pas confiance en lui. Surveille-le et fais-moi des rapports réguliers. Je… »
Il avait parlé par phrases courtes, autoritaires, sans interruptions, mais une brusque quinte de toux le secoua soudain. Chancelant, il s’appuya d’une main contre la table, le dos de l’autre devant la bouche. Rodolf n’avait pas un geste depuis le début de l’entretien, et, saisi, il ne changea pas plus d’attitude. Lorsqu’il s’interrompit, Erik murmura d’une voix rauque :
« C’est tout. Envoie-moi Rodhelm. »
Le dos de sa main était couvert de sang.
En tout point semblable à Rodolf, Rodhelm était pourtant celui des deux jumeaux nés en dernier. Cette différence d’âge, si minime soit-elle, ne le plaçait qu’en seconde position sur la liste des héritiers potentiels, Erik n’ayant ni frères, ni sœurs, ni aucun enfants connus.
Erik lui tint exactement le même discours qu’à son frère aîné, avec cependant quelques légères modifications.
« Je ne peux pas faire autrement qu’envoyer Rodolf à ma place. Je ne lui fais pas confiance. Surveille-le et fais-moi des rapports réguliers. »

« Te voilà enfin. »
Azalaïs toisa Ewen’il d’un air si impérieux qu’il eût une soudaine envie de lui coller une gifle.
« J’ai besoin de pratiquer ta langue, tu es le seul ici qui puisse la parler avec un accent correct et il se trouve que je manque d’un page. Voilà ton nouvel emploi. Désormais tu n’aideras plus aux cuisines, où, d’après ce que j’ai entendu dire – elle renifla d’un air méprisant – tu n’aidais pas grand monde. »
Ewen’il réprima un soupir contraint. Etre le chien-chien à sa princesse ou fixer des légumes d’un air assassin toute la journée, il n’aurait su dire quel était le pire. Enfin.
« Ta tache commence dès maintenant. Descends aux cuisines chercher du miel et du vin, et retrouve-moi au cimetière. »
En chemin, devant le grand escalier, Ewen’il tomba en arrêt devant un immense tableau. Il n’y avait jamais fait particulièrement attention auparavant, mais une évidence le frappa soudain : le tableau représentait, en pieds, un jeune homme d’une vingtaine d’année, vêtu de manière princière, qui ressemblait de manière troublante à Azalaïs. Bah, sans doute son père quand il était jeune…

Le cimetière se trouvait derrière le mur est du château, sur un bout de falaise battu par les vents. Chaque année, la marée rétrécissait davantage sa surface, alors qu’en toute logique, plus le temps passerait, plus on y aurait besoin d’espace. Il n’y avait qu’une cinquantaine de tombes ; la plupart étaient recouvertes d’un gisant, et toutes étaient propres et bien entretenues, malgré les embruns que certaines devaient subir depuis des siècles. Toutes ? Non… Celle-ci, près de la muraille… Ewen’il jeta un coup d’œil circulaire. Azalaïs était tout entière accaparée par ses libations, répandant du miel et du vin sur la tombe de ses parents. Il se déplaça alors discrètement sur le côté. Cette tombe était entièrement recouverte par la végétation… Ewen’il dégagea le visage du gisant de pierre qui la surmontait. A force d’arrachages, des traits finement sculptés commencèrent à apparaître. L’homme du portrait, le père d’Azalaïs… Pourtant, sa tombe n’était-elle pas celle qu’honorait la princesse au même instant ? Perplexe, Ewen’il inspecta les inscriptions. Couvertes de mousses, elles étaient quasiment effacées, et n’auraient été d’aucun secours à Ewen’il, même s’il avait su lire. Pris d’un soudain accès de piété – et surtout pour passer le temps – Ewen’il entreprit de retirer la végétation du reste du gisant.
« Recule immédiatement ! Ne t’avise pas d’y toucher ! J’ai ordonné que personne n’y touche ! Il n’y a personne, là-dedans, personne ! Mon frère n’est pas mort ! Vous n’avez aucune preuve ! Il reviendra ! Il reviendra ! »
Azalaïs, les larmes aux yeux, essoufflée, cessa de hurler.

« La Fièvre Jaune… Celle qui est revenue tous les hivers pendant des années… Elle a emporté mes parents lors de la dernière épidémie, j’étais toute petite, j’avais dans les cinq ans. Mon frère, Gwénolé, avait douze ans, et… »
La pluie tambourinait doucement contre les carreaux mal dégrossis des fenêtres, répandant une lumière grisâtre et fatiguée dans la chambre. Ewen’il, affalé sur un tapis, écoutait d’une oreille distraite les bavardages d’Azalaïs, tout en essayant de feindre la plus grande attention. Ce qui ne devait d’ailleurs pas être un franc succès, Azalaïs s’interrompant fréquemment pour lui jeter un regard courroucé.
Petit à petit, à force de suivre partout la princesse, Ewen’il était devenu son confident ; elle lui racontait tout, lui exposait dans les plus petits détails les moindres problèmes qu’elle rencontrait, à tel point que tandis que la barrière de leurs langues respectives s’abaissait chaque jour davantage, Ewen’il n’allait pas tarder à devenir l’un des plus rands spécialistes de la situation géopolitique de Penbroc’h comme du meilleur moyen pour coiffer convenablement des cheveux ayant une fâcheuse tendance à se confondre avec de la paille sèche. A croire qu’Azalaïs n’avait jamais eu personne de son âge à qui parler. Ce qui était probablement le cas.
Pourtant, Ewen’il doutait qu’elle lui accordât plus d’attention qu’à un pot de chambre ; il faisait partie des meubles, voilà tout. Mais… Un jour viendrait, peut-être… Où il aurait pris un tel ascendant sur elle, par ses conseils avisés et sages, qu’il pourrait sans mal la détrôner et devenir roi du Mordrinac… Quoique gouverner dans son ombre se révélerait peut-être plus prudent… Ou alors, il finirait enfin par trouver la salle au trésor (un château comme celui ci devait forcément en posséder une, non ?), qu’il pillerait allégrement avant de retourner chez lui et d’y couler des jours heureux dans la fainéantise la plus béate. Bien sûr, la princesse, devenue entre temps désespérément amoureuse de lui, renoncerait à le poursuivre et le laisserait en paix. En attendant… La vie n’était pas si désagréable ici, et il estimait en tous cas inutile de se ronger les sangs au sujet de ces récoltes qui’ n’arriveraient pas assez vite, comme le faisait Azalaïs. De toutes façons, il ne pouvait rien y faire.
Se grattant négligemment la joue, Ewen’il jeta un coup d’œil à la princesse. Assise en tailleur sur son lit, le dos droit, la mâchoire crispée, elle fixait d’un regard assassin le mur en face d’elle. Ewen’il se concentra pour reprendre le fil du récit.
« Il y a un peu plus d’un an, Gwénolé est parti chasser quelques jours dans le Nord. Il n’est pas revenu. Il y a eu des recherches, des battues… Personne n’a rien vu. Il s’est tout simplement volatilisé. On n’a pas de corps, rien – elle se battit contre un sanglot qui menaçait de l’étouffer – donc il n’est pas mort. Il reviendra ! »
Ewen’il resta silencieux. Oui, sans aucun doute, le roi légitime du Mordrinac était parti prendre quelques vacances au soleil, loin de cette pluie déprimante, et il reviendrait quand il serait reposé. Cette pensée ironique – et peu charitable – venait à peine de lui traverser l’esprit qu’un besoin physique élémentaire, plus important que tous les grands frères portés disparus du monde se manifesta : le ventre d’Ewen’il gronda sourdement. Azalaïs tourna vers lui un regard ahuri, comme si elle avait oublié sa présence.
« Je… Oui, tu as raison, il doit être l’heure… Irisumka va s’impatienter… Allons-y. »
Comme une revenante, elle se dirigea à petits pas vers la porte et Ewen’il la suivit docilement dans l’escalier.
Ewen’il fut frappé au détour d’un couloir par le regard fixe et délavé de Guezengar. Son profil acéré, ses traits creusés par l’âge, ses membres secs et décharnés se détachaient nettement dans la pénombre du soir tombant. Un léger courant d’air agita quelques mèches de sa crinière blanche en désordre.
« Princesse, je voulais vous prévenir. Des groupes de pillards sévissant dans le Nord ont été signalés, plus nombreux que d’habitude. Nous envoyons des hommes là-bas dès maintenant. »
Le général des armées dégaina l’épée qu’il portait au côté, une longue lame effilée aux reflets bleutés. Ewen’il entendit toutes ses articulations craquer lorsque le vieil homme s’agenouilla lentement sur la pierre froide, prenant appui sur son arme. La pluie tambourinait de plus belle sur les vitres du couloir mal éclairé.
« Quant à ma garnison et à moi-même, nous restons à Penbroc’h pour assurer votre sécurité, princesse. Nous mourrons si cela s’avèrera nécessaire. »
Ewen’il haussa un sourcil. La promptitude avec laquelle Guezengar cherchait à quitter la vie ne laissait pas de l’étonner. Se jeter du haut d’une tour du château aurait été plus rapide qu’attendre qu’une hypothétique bande de guerriers sanguinaires tente d’assassiner sauvagement la princesse.
Azalaïs s’approcha du vieil homme agenouillé, et, le prenant par l’épaule, lui dit doucement :
« J’en suis consciente et vous en remercie profondément. Allez. »
Ewen’il attendit que le vieillard radieux se fut suffisamment éloigner de sa démarche claudicante avant de se tourner vers la princesse.
« Il y en a beaucoup des comme ça, par ici ? »
Azalaïs ne releva pas le sarcasme, ni l’impolitesse manifeste avec laquelle il s’adressait à elle, mais se troubla légèrement.
« Je ne sais pas si c’est une bonne chose… Parfois je me dis que c’est un peu exagéré, mais… Il faut le comprendre, il n’a plus rien au monde, mis à part le Mordinac à servir… »
Elle s’interrompit quelques secondes, puis reprit :
« Il était déjà veuf quand sa fille unique est morte en accouchant. Ca l’a anéanti. Il a placé le bébé chez une nourrice et n’a jamais cherché à le voir. Dans l’année de ses quatre ans, l’enfant a disparu, du côté de la Forêt Rousse… »
« La Forêt Rousse ? »
Il n’était pas tout à fait parvenu à masquer une note d’intérêt dans sa voix.
« Oui, Rousse, à cause du sang qui en rougit le sol. Ce sont des brigands terribles qui vivent là-bas, cachés… Mais la route de la Forêt Rousse est la plus rapide, et il y a chaque mois de nouveaux convois attaqués et de nouveaux enfants qui disparaissent. On dit qu’ils les mangent. »
Charmant, pensa Ewen’il, et un frisson glacé lui parcourut le dos.
____________________

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