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| Les enfants de la solitude | |
| | Auteur | Message |
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Lune Invité
| Sujet: Les enfants de la solitude Ven 29 Avr à 18:57 | |
| Sam ferma la porte de sa chambre et entreprit de se débarrasser de ce qui l’encombrait. Chaque fois qu’elle rentrait chez elle, c’était les mêmes gestes, les mêmes taches à accomplir, les mêmes travaux répétitifs. D’abord mettre en ordre sa chambre, puis se plier aux quatre volontés de sa mère. Elle soupira. Encore deux bonnes heures avant qu’elle puisse être maître de son propre temps...
Sa mère, pour une fois, ne lui demanda rien d’impossible, aussi ces deux heures se déroulèrent-elles rapidement. Elle put enfin allumer son PC. Elle était enfin à son aise, libre d’aller ou elle le souhaitait, avec la compagnie qu’elle désirait. Elle était peut être toute seule, juste dans une petite chambre, mais le vieil appareil en face d’elle contenait son monde sur son disque dur. Il lui permettait d’échapper à cette vie monotone sans surprise, mais également sans espoir, juste en noir et blanc. Son monde à elle était en couleur. Ou tout du moins il était quand elle ne le peignait pas en noir... Il ne lui restait plus qu’à mettre un peu de musique en fond sonore, à poser les doigts sur le clavier, et l’histoire pouvait commencer...
« Le vampire errait dans Bruxelles. Il adorait cette ville, mais le soleil lui manquait. Il avait le vague à l’âme, la nostalgie du temps passé, il regardait trop sa propre solitude, il n’avait même plus faim. Il avait fait son credo de ne tuer que des gens solitaire, sans amis, sans famille. A l’age ou il était arrivé, il n’avait plus besoin de se nourrir aussi souvent qu’avant, ce qui lui permettait de choisir soigneusement ses victimes. Il les pistait, les suivait pendant plusieurs jours, pour être sur de ne tuer que des gens a qui personne ne tenait. Mais la, il avait perdu le goût de ce jeu, perdu le goût du sang. Il venait pourtant de trouver la victime idéale, un vieil homme qui passait toutes ses journées au centre commercial d’Auderghem, et toutes ses soirées au café juste à coté. Il avait lié connaissance avec lui, appris ainsi sa détresse, constaté sa solitude. Mais il n’allait pas le tuer. Cet homme passait ces journées à observer la nature humaine, il était dans la détresse, mais pas désespérer, aussi il n’allait pas le tuer.
Au lieu de ça, il se retrouvait à errer au petit matin, dans le froid de l’hiver. Il soupira, encore. Au moins, l’avantage de l’hiver, c’est que ses nuits étaient plus longues. Là, il assistait à l’embarquement des étudiants dans le bus en direction de l’université. Ils se ressemblaient tous, parlaient tous entre eux, de toujours les mêmes sujets. Il n’aimait pas les étudiants, ces jeunes gens ignoraient pour la plupart le sens même du mot « solitude ». Il allait se détournait quand il la vit. Elle était là, toute seule, en arrière du groupe de jeunes, très en arrière même, et l’hésitation se lisait sur son visage. Elle regardait alternativement le bus et la librairie Club. Le bus, puis la librairie. Elle regarda encore une fois le bus, les autres jeunes bruyants qui s’entassaient dedans, et elle se dirigea vers la librairie. Le vampire sourit amèrement. Il avait peut être trouvé l’exception, la seule étudiante solitaire de toute l’Université, mais elle était bien trop joli pour être tuer. Il la suivit jusque devant la librairie, mais se contenta de l’observer à travers la vitrine. Au milieu des rayons, un livre à la main, elle souriait. Pour elle; rien ne semblait exister d’autre que ces quelques pages reliées. D’un mouvement de tête, elle rejeta ses longs cheveux en arrière. Qu’elle était belle ainsi!
Le vampire sous le charme se secoua. Il allait bientôt faire jour, ce n’était pas le moment de s ’attarder. Il lança un dernier regard en arrière et se dirigea vers son repaire... Juste avant de s’endormir toutefois lui revint l’image de cette toute jeune femme. Il passa un pacte avec lui-même. Il n’allait pas la tuer, juste l’observer, l’étudier, la découvrir, l’apprendre. Le jour se leva, il tomba dans le néant, un sourire aux lèvres et l’image de la jeune fille dans ses rêves.
Quand il se réveilla le même soir, son plan était arrêté. Il allait attendre tous les matins à cet arrêt de bus jusqu’à la recroiser. Ne lui restait plus qu’à espérer qu’elle empruntait cette ligne régulièrement... Mais avant cela, il lui fallait se nourrir. Il voulait être en pleine possession de ses moyens, au cas ou il la rencontrerait le matin même. Il alla donc discrètement voler quelques poches de sang à l’hôpital le plus proche. Il n’aimait pas se procéder, car les hôpitaux sont toujours en manque de sang, mais au moins cela épargnerait une vie, même si aussi ce sang la n'était pas très bon. Apres, ne lui restait plus qu’à patienter...
Son attente dura deux nuits. Deux nuits durant lesquelles il essaya de tromper son ennui et de se tromper lui-même en se disant que non, il n’était pas attirer vers elle, que non, ce n'était pas la plus jolie jeune femme qu’il ait jamais rencontrée, que oui ce n'était que de la curiosité, sans plus. Le deuxième matin, alors qu’il essayait encore de se convaincre, elle était la. De nouveau, elle attendait le bus, de nouveau a l’écart de tout les autres. Elle lui sembla encore plus belle que dans son souvenir. Elle possédait ce genre de beauté timide et discrète des personnes qui ne se savent pas joli. Elle était naturelle, sans affectation aucune, et charmait tout le monde sans même s’en rendre compte. Quand le bus arriva, il remarqua de nouveau son hésitation à le prendre. Elle attendit que le gros du troupeau soit passé, le doute sur son visage. Allait-elle le prendre? Lui n’hésita pas. Il l’aborda sans retard. - Excusez-moi mademoiselle, c’est bien le bus qui va à l’Université? Surprise, elle le dévisagea, Il sourit, le regard franc. Elle avait des yeux magnifiques, d’un bleu profond, où se reflétait instantanément toute la confusion de ses pensées. Elle répondit enfin: - Oui oui, c’est bien celui la. Je le prends aussi. - Merci bien! Il agrandit encore son sourire, confiant en son teint pâle et en la noirceur de ses yeux, illuminés du feu du vampire. Il espérait la subjuguer. Il avait en tout cas réussi à vaincre son hésitation, car elle monta dans le bus à ses cotés. Il poursuivit, poussant son avantage: - Vous êtes étudiante? - Oui, en langue et littérature moderne. Le sourire était timide, mais le ton enjoué. Il décida de pas forcer la chance, et attendit en silence que le bus arrive à destination. Il la regardait à la dérobée, accrochée à son sac comme à une bouée de sauvetage, elle essayait de ne pas le dévisager encore. Quand ils descendirent du bus, il rajouta encore - Bonne journée! Avec un geste de la main, et quand elle lui rendit son salut, il sut qu’elle se souviendrait de lui.
Il la regarda s’engouffrer dans les bâtiments de l’Université, et se dépêcha de rentrer chez lui, du baume au coeur. Il prit un de ses petit cahier relié en cuir, un encore vierge, et entreprit de raconter tout ce qu’il savait sur elle. Chacun de ses petit cahier était consacrer à une passion, et il sentait au plus profond de lui qu’elle en méritait un, bien qu’il ne sut rien d’elle encore. Une fois l’encre séchée, le coeur apaisé, il put aller se reposer. Son sommeil cette fois fut sans rêve, il attendait juste la tombée de la nuit, et surtout le matin suivant.
Au réveil, une question le taraudait. Comment attirer cette jeune personne au coeur de la nuit? Les jours n’allait pas tarder à s’allonger de nouveau... Et le soleil n’allait pas tarder à se montrer à l’arrêt de bus le matin. Il fallait donc qu’il se bâtisse un personnage, aussi près de lui que possible. Il décida qu’il serait étudiant chercheur, en train de bâtir une thèse sur les Carpates à travers les ages. Il était né la bas après tout... Et il avait encore l’air assez jeune pour pouvoir tenir le rôle. Il dut se rappeler qu’il ne voulait que la connaître, pas la séduire... Et pourtant il était sous le charme. Il lisait à travers ses moindres gestes, elle lui était complètement transparente, et il aimait ce qu’il voyait. Il la devinait sensible et intuitive, émotive aussi, mais souffrant de la solitude. Tout comme lui souffrait. Et pourtant, depuis qu’elle hantait ses pensées, il se sentait beaucoup moins seul... Il se reprit à l’ordre encore une fois. Son seul but ne devait être que de lier connaissance...
Le matin arrivé, il se rendit à arrêt de bus. Il espérait de tout coeur qu’elle soit la. Avec un peu de chance, elle serait la. Et elle y fut. Et, un point pour lui, ce fut elle sui le salua. Ce qui lui permit d’entamer directement la conversation... En courant se mettre à l’abri pour le jour, il résuma ce qu’il savait: A peine plus que la veille, a part le fait que ses études la passionnait. Par contre, elle en avait appris d’avantage sur lui: elle était aussi assez curieuse.
Le jour suivant, il apprit qu’elle s’appelait Auriane, et elle sut qu’il se prénommait Sergueï. De jour en jour, elle se laissait apprivoiser, et lui oubliait la prédation. Il la comprenait au travers de ses gestes, de ses attitudes, de ses mots. Pendant le court trajet en bus, et encore devant l’Université, ils discutaient avec animation, de tout, de rien, et bientôt à coeur ouvert. Parfois, il la trouvait tracassée, des idées noires dans les pensées, et le coeur torturé. Il voyait cela, même si elle essayait de le cacher. Mais le soleil, inexorable, continuait de se lever, de plus en plus rapidement, et il le frôlait de plus en plus près chaque matin. Vint un moment où il ne put reculer: Il se devait de l’emmenait dans la nuit. Pour la première fois, Sergueï trouvait quelqu’un qui s’intéressait à lui pour ce qu’il était, pour ce qu’il avait à apporter. Et il semblait qu’à ses cotés, Auriane n’était plus aussi seule. Leurs solitude respectives s’enfuyait à grand pas, emportant avec elle toutes les peines que le coeur supporte. Sergueï en prit conscience le dernier matin où il put se rendre sans risque jusque l’Université. Alors il paria. Il l’invita pour le lendemain soir à venir prendre un verre à un café non loin de là. Il jouait son va-tout. Et il gagna. Elle accepta. Il prétexta d’autres travaux pour ne plus pouvoir la retrouver au matin. Elle comprit. Elle allait venir. Elle voulait garder le contact.
Il mit à profit la nuit qui lui restait pour essayer de faire le point. Que lui arrivait-il? Toutes ses anciennes habitudes étaient bouleversées. Pour la première fois, il recherchait la compagnie de quelqu’un. Pour la première fois, sa solitude le lassait. Son petit cahier noir fut bientôt submergé de question la concernant, de doute sur son émotion a lui, de fausses résolutions à abandonner... Il ne voulait pas la laisser. Il pensait qu’il lui était utile. Mais que lui apportait-il après tout? Il était un vampire! Il ne pouvait que la rendre malheureuse! Mais elle avait l’air de se sentir si bien avec lui...
Pour mettre fin à ses états d’âme, Sergueï passa un nouveau pacte avec lui-même. Il allait lui demander son avis. Avec franchise. Et selon la réponse, si vraiment il lui apportait quelque chose, il allait continuer à la voir. Et si elle répondait par la négative? Il se prit la tête dans les mains et envoya valser le cahier. Il se sentait pire qu’un adolescent amoureux! Mais il était assez honnête avec lui-même pour ne pas berner et se rendre compte des problèmes que cela impliquait... Il décida de mettre de cotes ses préoccupation pour la nuit, et alla rendre visite à un hôpital. Depuis qu’il avait rencontré Auriane, il n’avait plus rien mangé...
Le lendemain soir, tout en se dirigeant vers l’Université, il ne put s ’empêcher de penser qu’il était bel et bien séduit. Il était à tout point de vue sous le charme de cette jeune personne. Il espérait lui être utile, il voulait la voir heureuse. Lui de son coté se sentait de nouveau vivant... A croire même qu’il n’avait jamais vécu auparavant.
Dernière édition par le Ven 29 Avr à 22:55, édité 1 fois |
| | | Lune Invité
| Sujet: Re: Les enfants de la solitude Ven 29 Avr à 18:59 | |
| Il la vit de loin qui l’attendait, et toutes ses interrogations s’envolèrent d’un coup. Il lui sembla avoir retrouver avoir retrouver le soleil. Ses yeux et son sourire s’en trouvèrent tout illuminés. Auriane par contre ne l’avait pas encore remarqué. Qu’elle semblait fragile devant les grands bâtiments de l’Université! Au moment où elle le vit, un observateur aurait été saisi du changement qui s’effectua. Elle se redressa, s’affermit, sembla même gagner en densité. Ces deux la s'était trouvé, et se sentait bien ensemble, cela crevait les yeux. Le même observateur aurait put répondre aux questions de Sergueï, et lui aurait même appris que Auriane se posait les mêmes. Tout cela transparaissait sur son visage. Mais il n’y avait personne autour d’eux, et quand ils se furent retrouvés, plus rien d’autre ne compta que l’autre.
Ils allèrent au café de l’Université, le plus agréable des cafés du quartier, et de nouveau discutèrent de tout et de rien. Ils abordaient tout les sujets avec la même franchise, la même connivence, qu’ils soient personnels ou pas. Elle avait un avis sur tout, et lui toujours une question à poser. Ils ne virent pas les heures passer, soupèrent sur place, requisionnèrent la table quatre heures durant. Le garçon fut obligé de leur signaler la fermeture de la brasserie. Sergueï régla royalement l’addition, l’air plus heureux que jamais, et proposa à Auriane de la raccompagner. Il ne voulait pas la laisser prendre seule les transports en communs... et elle désirait encore sa compagnie. Ils mirent plus d’une heure à faire le trajet, là où 20 minutes auraient suffi, mais ils finirent par arriver devant sa porte. - Auriane, il faut que nous nous voyions plus souvent, plus longtemps. Nous avons trop de choses à nous dire! Sergueï sentait tout les masques qu’il avait érigé tomber un à un. Devant son silence il ajouta: - A moins que tu ne le souhaites pas... A ces paroles, devant son air triste, Auriane leva les yeux sur lui et vint naturellement se blottir dans ses bras. - Ne sois pas stupide. J’ai une vie à part entière quand tu es la. Viens quand tu veux. Nous n’aurons peut être pas assez d’une vie pour tout partager de toute façon... C’est en l’entendant dire ses mots que Sergueï décida de tout lui confier, de ne rien lui cacher. Et il l’aimait déjà tant qu’il espérait un jour pouvoir passer l’éternité à ses cotés. Cependant, il savait qu’il ne devait pas se précipiter. Il fit un effort de volonté, et s’éloigna d’elle. Ils se donnèrent rendez-vous le lendemain soir au même endroit, et finirent par se séparer.
Sur le chemin de retour, le coeur de Sergueï semblait s’envoler, il souriait à tout et tous, amoureux des pieds à la tête, le plus heureux des hommes. Et c’est justement en pensant à cela que son front s’assombrit. Il n'était pas un homme! Et il allait le lui dire, le lendemain... Comment allait-elle réagir. Il avait entière confiance en elle, il s’en remettait à son jugement. Il espérait qu’elle l’aimait assez pour ne pas le rejeter... Mettant de coté ces nouvelles interrogations, il entreprit de mettre en ordre son appartement: c’était le meilleur endroit pour lui annoncer la vérité à Auriane.
Le matin le trouva endormie, tant il était épuisé d’émotions. Au soir de nouveau elle l’attendait. Elle ne l’avait pas oublié. La conversation fut encore plus personnel, sur leurs vies respectives, leurs attentes, leurs passés, et leurs projets. Sergueï ne racontait pas son passé. Il voulait le lui raconter plus tard, chez lui, en sécurité. Ils soupèrent de nouveau au café de l’Université, puis se rendirent à son repaire. Auriane riait beaucoup des explications confuses de Sergueï, de ses excuses aussi, parce qu’il l’emmenait chez lui sans façon. Elle avait le coeur en fête, amoureuse elle aussi, Sergueï le voyait bien, et elle lui faisait confiance. Il s’excusa de nouveau devant la porte, craignant son intérieur vieillot, pour la première fois il considérait l’apparence de son appartement, et ce qu’il voyait ne lui plaisait pas. Elle entra, souriant toujours et, ce qui étonna Sergueï, trouva tout de suite ses marques. Elle était à l’aise chez lui, malgré l’absence de fenêtre. Sergueï regarda autour de lui, pâlit, puis décida de se jeter à l’eau. - C’est justement parce qu’il n’y avait pas de fenêtre que j’ai choisi cet appartement. Comme tu le vois, toutes ces pièces sont au centre d’une immense maison. Je laisse les fenêtres aux autres locataires, ceux qui sont mes voisins. Je leur donne le jour. Parce que moi je dois le fuir. Auriane s’était assise, intimidée par son ton sérieux, mais son regard n’avait pas changé. Elle acceptait cette première information. - J’ai beaucoup de choses à te dire, ce soir, continua-t-il. Parce que je tiens à toi. Depuis que je te connais, tu es ce qu’il y a de plus précieux dans ma vie. Bien sur, je ne sais pas exactement ce qu’il en est de ton coté, mais avant que tu ne dises quoi que ce soit, tu dois savoir certaines choses. Et une fois que je t’aurais raconté, que je me serai raconté, tout ce que je te demande, c’est de ne pas prendre peur ou d’avoir une réaction de ce genre. Car je t’aime, et je te respecte plus que tout. Le sourire d’Auriane avait changé, plus doux, ses yeux parlaient à sa place. Elle attendait, ne jugeait pas, prête elle aussi à donner son coeur, mais devant l’air grave de Sergueï, muette et réservée. Ce dernier s’assit à ses cotés, lui serra brièvement les mains. Il ne savait pas par ou commencer, et puisait du courage dans ses yeux clairs. - Comme je te l’ai dit, je fuis le jour. Je ne peux vivre que la nuit. Je suis quelqu’un de solitaire, et je crois que nous avons ce point la en commun. Je connais la solitude... intimement. Depuis ma naissance en fait. Et je suis né il y a presque 300 ans. Les yeux d’Auriane s’agrandirent, mais pas d’effroi. Elle le dévisagea, si jeune, si beau. D’un petit geste de la main, elle le pria de continuer. Elle ne comprenait pas, mais une fois encore acceptait. - Je suis né dans les Carpates, en Roumanie, dans une famille de chasseurs. Mon père était aussi le chef du village, et a ce titre le défendait et formait les hommes à la guerre. J’étais alors le meilleur chasseur. Je crois être encore. J’ai donc passé toute vie seul, dans les bois et les montagnes. J’étais tellement seul, ne trouvant plus de raison de vivre, que le sort m’a frappé. J’ai rencontré un jour une créature, que ma solitude nourrissait. Et après l’avoir nourrie, j’ai partagé le même état qu’elle. C’était un vampire. A ces mots Auriane se recula dans le fond de son siège, craintive devant l’importance de ce qu’il disait, mais toujours pas effrayé, toujours confiante. Sergueï continua très vite. - Les vampires ne sont pas ces créatures mauvaises des contes et légendes. Bien sur ils se nourrissent de sang, de sang humain, mais seulement de ceux qui ne veulent plus vivre. Des solitaires dont personne ne remarquerait l’absence. Nous traquons nos proies longuement, afin de faire un choix judicieux et de causer le moins de tort possible. Je ne suis pas un nuisible. J’ai appris à repérer le désespoir. Quelque part, nous aidons juste les suicidaires à faire le pas, une fois leurs décisions prises. Auriane l’interrompit: - C’est pour cela que tu m’as abordé la première fois? Tu avais vu ça en moi? - Quand je t’ai rencontré la première fois, tu étais une personne solitaire. Mais à l’instant ou je t’ai vu, j’ai aussi décidé que tu étais bien trop belle pour que je me nourrisse de toi. Je voulais te connaître, peut être savoir si tu connaissais encore l’espoir, mais pour t’aider à le voir, pas pour t’ôter la vie. Puis au fil des jours, j’ai été séduit, tu m’as plu, je suis tombé amoureux de ta personnalité, de toi. Tu m’as accepté comme je suis, tu as vu en moi, tu m’as entendu; et il me semble que notre solitude a reculé, puis disparut. Avec toi, nous ne sommes plus seul. Voila. Je t’aime Auriane. Maintenant, tu sais ce que je suis. Et j’ai peur de te perdre... Son explication terminé, Sergueï ferma les yeux. Il était terrorisé. Il ne vit donc pas Auriane se levait doucement, et se dirigeait vers lui. Elle resta devant lui un moment, le dévisageant encore, puis elle écarta ses bras et se glissa sur ses genoux. Sergueï, surpris, la regarda à son tour. Il allait dire quelque choses quand elle posa son doigt sur ses lèvres. - A mon tour maintenant. D’abord en ce qui me concerne, je dois te dire que tu as pleinement raison. Je suis toute seule, et c’est un poids pour moi. J’étais en train de lutter contre le désespoir quand tu es venue à moi. Mais depuis que tu es la, tout à changer. Je vis pleinement, dans l’attente des moments que nous passons ensemble. Car moi aussi je t’aime. Tu m’as séduite, avec tes attentions, ta culture, ta façon être, tout ce qui fait que tu es toi, vampire ou pas. Et cet état ne me fait pas peur, bien au contraire. Elle caressa doucement son visage. - Depuis que je te connais, il me semble voir l’éternité, et sous un bon angle. Car tu es intemporel Sergueï, ça je l’avais remarqué. Elle se détacha doucement de lui, et se leva. - Je crois que je pourrai appréhender l’éternité si c’était avec toi. Mais je dois y réfléchir... Sergueï acquiesa d’un signe de tête. Son visage était triste. Il ne dit pas un mot, mais raccompagna Auriane jusqu’a la porte. Il lui faisait confiance. Si elle l’aimait, elle allait revenir, et dans tous les cas, il ne pensait pas qu’elle le trahirait. Auriane s’éloigna sans se retourner, et Sergueï rentra chez lui, mortifié. Il était persuadé qu’il l’avait perdu.
Il entreprit de ramasser les pages éparses de son cahier en cuir, et y nota ses dernières pensées, ses doutes, son amour aussi. Plusieurs heures s’écoulèrent ainsi, sans qu’il lève le nez de son ouvrage. La nuit avançait, dans deux heures au plus le soleil allait se lever. Il finit par abandonner et se dirigea vers la porte pour la verrouillait pendant qu’il dormait. Il était à mi-chemin quand il l’entendit s’ouvrir. Il s’amusa un instant à la pensée d’un cambrioleur, et se dirigea sans hésiter vers les bruit. Il surgit de derrière un meuble, spectre blanc dans la demi-pénombre, pour entendre un cri: c’était Auriane qui était revenu.
Le reconnaissant, elle éclata de rire, et lui se précipita, elle tomba dans ses bras, prit l’air sérieuse. Son front effleurait le sien. Lentement, elle l’embrassa. Sous ses lèvres, Sergueï ferma les yeux, laissant la joie exposer dans son coeur et le bonheur lui rendre son baiser. Il posa ses mains autour de sa taille, et l’attira tout contre lui, dans un geste tendre de protection. Auriane finit par se détacher de lui et lui dit - Je ne veux plus vivre, Sergueï, plus vivre comme avant, seule et sans toi. Il y a tellement de choses à apprendre à tes cotés. Fais de moi ce que tu es... Je t’aime... Sergueï l’embrassa encore, puis ses baisers s’égarèrent sur tout son visage, et ses lèvres atteignirent son cou. Il sentait le sang battre en dessous de sa peau douce. Il lui demanda pourtant: - C’est irréversible, tu le sais. En es tu sur? Pour toute réponse, sa main s’empara de ses cheveux, et elle appuya elle-même ses canines contre sa gorge. Dans le plus bel acte d’amour qu’un vampire puisse offrir, Sergueï incisa doucement sa peau, trouva la jugulaire, et commença à absorber lentement le liquide vital. Il aspirait en même temps toutes ces années de malheurs, passé à lutter seule dans un monde qui ne semblait pas fait pour elle, toutes ses idées noires, ces visions de couteau, de corde et de canal. Et comme elle l’aimait, il laissa çà sa place l’espoir scintillant, la pâleur de la lune, et le bonheur être à deux. Quand elle fut au seuil de la mort, il décolla lentement ses lèvres, et avec les ongles s’entailla lui aussi le cou. Il soutint sa tête jusqu’au liquide vermeil qui commençait déjà à couler à flot. Ses lèvres goûtèrent son sang, puis sa bouche trouva la plaie, et à son tour elle but, sa nouvelle vie entrait en elle. Elle passa ses bras autour des épaules de Sergueï, et le serra très fort, s’emplissant de lui.
Quand elle eut but son comptant, Sergueï s’écarta doucement, et caressant son visage, il recula ses cheveux. - Je t’aime Auriane. Nous sommes deux désormais. - Oui. Plus jamais de solitude ni pour l’un ni pour l’autre. Et une éternité de bonheur à partager. »
Sam s’écarta enfin de son ordinateur et s’étira. Elle aimait beaucoup ses vampires, mais cela suffisait pour aujourd’hui. Elle retournerait peut être les écrire plus tard dans la soirée, mais la ces yeux fatiguaient. Elle sortit de sa chambre pour se servir à manger, mais sitôt le seuil de la cuisine franchit, sa mère s’en prit à elle, aussi remonta-t-elle très vite. Quand elle n'était pas dans son monde, sa solitude lui pesait, et le noir qu’elle décrivait errait dans son coeur. Mais bon. Elle essaye de chasser ces sombres idées d’un geste de la main.
La sonnerie de la porte d’entrée interrompit ses pensées, et elle entendit sa mère ouvrir. Qui était-ce? Certainement pas pour elle... Cependant, elle entendait des pas monter les escaliers. Intrigué, elle alla donc ouvrir sa porte. Pour se trouver nez à nez avec deux personnes ressemblant très exactement à l’idée qu’elle se faisait d’Auriane et Sergueï. La surprise la clouait sur place, elle était incapable de faire un geste, de prononcer une seule parole. Ils la prirent dans leurs bras et lui dirent doucement, avant de tous les deux trouver les veines de son cou: - Mais oui, Sam, tu es la victime idéale... Une solitaire, désespérée, a qui personne ne tient... Et Sam, trop étonné pour faire quoi que ce soit d’autre accepta son sort et les remercia mentalement de la délivrance qu’ils apportaient en lui ôtant ses idées noires et sa vie. |
| | | Hiraeth Dùnadan Floodeuse en série
Nombre de messages : 468 Age : 34 Localisation : les Terres Sauvages Date d'inscription : 11/11/2004
| Sujet: Re: Les enfants de la solitude Ven 29 Avr à 19:15 | |
| mais heu hein fait attention à pas t'approcher trop pres des vampires quand même Lune, nous on t'aime hein c'est vraiment une nouvelle très belle et très vraie, qu'un seul mot : Bravo ! continue ! | |
| | | Tickle Grande plume
Nombre de messages : 137 Age : 41 Date d'inscription : 29/04/2005
| Sujet: Re: Les enfants de la solitude Dim 1 Mai à 23:05 | |
| J'accroche sur la façon dont tu racontes ton histoire, tu as un bon sens du récit. La première fin est assez attendue, heureusement, la deuxième, avec le retour sur Sam, rattrape cela. D'habitude je ne suis pas fan des histoires de vampires romantiques mais là, bravo.
Par contre, l'orthographe aie aie aie! Parfois, ca rend le texte dur à lire! Mais bon, je ne suis pas experte en la matière non plus alors!
Tickle | |
| | | Candleinthestorm
Nombre de messages : 589 Age : 41 Localisation : ENV-Alfort Date d'inscription : 11/10/2004
| Sujet: Re: Les enfants de la solitude Lun 2 Mai à 20:47 | |
| Encore et toujours du grand Lune!
Ca en devient un pléonasme, quoi!
C'est du Lune, tout simplement ! | |
| | | eltrol Grande plume
Nombre de messages : 128 Date d'inscription : 17/10/2004
| Sujet: Re: Les enfants de la solitude Lun 2 Mai à 21:38 | |
| Je ne suis pas d'accord pour l'orthographe. Ca se lit tout seul, et je regrette beaucoup d'avoir attendu avant de le lire. Lune: Tonnerre d'applaudissements!! J'ai même été choquée lorsque tu repasses à Sam..comme une drogue quoi!! Bon, MARMOTTIN ramène ta fraise!!!!!!!!! Faut qu'il lise ça! | |
| | | Marmotti Invité
| Sujet: C'est trop beau! Lun 2 Mai à 22:06 | |
| Que dire si ce n'est un méga bravo! pour une fois je que je suis là, je lis une très bonne nouvelle. Moi je dis que ça se FËTE. Et une bouteille de champagne! merci tout simplement!! |
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