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 Les aventures de Sparadrap-Jo - 1

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Vincent C
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Vincent C


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MessageSujet: Les aventures de Sparadrap-Jo - 1   Les aventures de Sparadrap-Jo - 1 EmptyMar 10 Fév à 15:16

Ouch – réveil difficile.
Je m’assois sur le lit
J’ai un truc qui résonne à l’arrière du crâne. Non, en fait c’est un peu partout dans mon crâne. J’ai l’impression que mon cerveau essaie de se barrer et qu’il appuie comme un dingue pour forcer le passage.
C’est bizarre, je ne me souviens pas avoir picolé hier. Il doit bien y avoir une raison; ça va me revenir.
Je suis en caleçon, assis sur un matelas qui a connu des jours meilleurs. Le proprio n’a sans doute pas voulu salir des draps pour cacher les taches douteuses dont je n’ose même pas essayer d’imaginer l’origine. Quelqu’un est venu avant moi, et a été très malade, à moins qu’ils ne se soient mis à plusieurs pour obtenir un si beau résultat.
Bilan rapide, j’ai mal un peu partout mais j’ai mes deux bras et mes deux jambes. J’aimerai bien me rappeler qui je suis et ce que je fais là, mais j’ai l’impression qu’il va me falloir un peu de temps. Je regarde autour de moi.
Une ampoule blafarde est pendue au plafond, elle éclaire tant bien que mal une petite pièce ayant pour seul mobilier le lit sur lequel je suis assis et, contre le mur en face de moi, un lavabo qui goutte, une table en bois, et une chaise sur laquelle sont posés des vêtements. J’espère que ça n’est pas chez moi. Non, si c’était le cas, je m’en souviendrais.
Mon cerveau à l’air de s’être enfin résigné à rester à sa place. Ça n’est pas la superforme mais je crois que je peux me lever. Je me dirige vers le lavabo pour jeter un coup d’œil au miroir accroché au dessus.
Ok, je comprends un peu mieux. J’ai la lèvre inférieure fendue, mon œil droit est rouge et à moitié fermé, et mon visage est couvert d’ecchymoses, dont l’une part d’au-dessus de ma tempe pour arriver jusqu’à la pommette. Peut-être le résultat d’un coup de batte ou de poing américain, c’est quasi noir au niveau de mon œil – le rouge à moitié fermé – et ça tourne sur le vert-jaune à la périphérie. Rien de bien grave, j’ai la conviction d’avoir déjà connu pire; il va quand même me falloir pas mal d’aspirine pour oublier tout ça.
J’ouvre le robinet pour me passer la tête sous l’eau froide et boire un peu. Ma mâchoire reste bloquée en position entrouverte, elle doit être déplacée, j’ai aussi déjà connu cette sensation. Les salauds qui m’ont fait ça ne m’ont pas raté.
J’ai envie de pisser. Après tout, le lavabo a déjà sans doute connu pire lui aussi, et je ne sais pas ce qui m’attends dehors. Une fois soulagé, je jette un coup d’œil aux vêtements posés sur la chaise. Un jean, un marcel, et une paire de baskets. Les poches sont vides; je ne risque pas d’aller bien loin. Je m’habille, c’est bien ma taille, même pas besoin de ceinturon.
Une fois en tenue décente, je fouille la chambre. Rien de remarquable à part un troupeau de moutons sous le lit, et une couche de poussière un peu partout. Personne n’est venu faire le ménage depuis longtemps.
Ah, un détail m'a échappé depuis le début; il y a une clé sur la porte. J'ai réussit à ne pas voir ce gros porte-clés, avec une étiquette sur laquelle est inscrite à la main le numéro 414. Ça y est j'ai compris, je suis dans une chambre d’hôtel, avec toilettes sur le palier; tant pis pour le lavabo.



***


En descendant l’escalier vermoulu, je prends soudain conscience de l’odeur rance de tabac froid, de sueur séchée et de moisissure qui règne un peu partout, elle me rappelle quelque chose de vaguement familier, mais je n’arrive pas à déterminer précisément quoi. J’arrive à ce qui semble être l’accueil, si on peut utiliser ce terme dans un endroit comme celui là. Sur le guichet sont posés une bouteille de gin ouverte, et à coté un verre à moitié vide. Je m’approche, l’odeur qui émane du verre laisse deviner que quelque chose a été rajoutée, on dirait du gasoil. Piqué par la curiosité, je le prends pour le rapprocher de mes narines. Les effluves d’alcool et de carburant réveillent en moi d’étranges sensations. Une impression de propreté, que je ne m’attendais pas à ressentir ici, m’envahit soudain. Une propreté de surface, presque austère, pas celle d’une maison bien entretenue, mais plutôt celle d’une caserne briquée de fond en comble avant la revue d’un officier autoritaire et tatillon. Une propreté destinée à cacher la crasse et la saleté qui règnent. Dans ce cas précis, c’est un échec total.
Cette impression se dissipe d’ailleurs rapidement quand je jette un coup d’œil à la femme qui dort affalée sur le comptoir. Le visage enfouit dans ses bras, je n’aperçois que ses cheveux gris, ses mains fripées, et son chandail mité violet pâle.
Je toussote afin de la réveiller. Elle lève doucement la tête. Une petite cinquantaine bien usée, c’est une femme qui a du plaire. Peut-être même aurait-elle encore du charme si elle se lavait les cheveux et si elle parvenait à se débarrasser de cette brume dans le regard, elle semble fixer quelque chose derrière moi.
« Bonjour madame, lui dis-je poliment.
- Ne m’appelez pas madame, personne ne m’appelle plus comme ça, répond-elle d’un ton neutre
- Bien, humm, ma question va vous paraître un peu bizarre, mais je suis actuellement dans la chambre 414… »
Là, je me sens obligé de faire une pause, après tout, vu l’état dans lequel je me trouve, mon arrivée à du être remarquée. Peut-être n’aurai-je pas à pauser de question pour qu’elle me dise ce que je veux savoir.
« Ouai, et alors ? »
C’est raté, j’aurais du y réfléchir avant, mais me voilà obligé d’expliquer à cette poivrote que je me suis réveillé dans une chambre miteuse et que je ne me rappelle plus qui je suis, ni comment je suis arrivé là.
Je lui explique doucement « J’ai quelques problèmes de mémoire, et j’aurais voulu savoir si vous vous souvenez comment je suis arrivé ici ? »
Maintenant, c’est bien moi qu’elle fixe, elle semble même avoir une lueur de malice dans le regard – joli – mais, peut-être à cause de ce qu’elle s’enfile comme gin-gasoil pour roupiller, elle disparait rapidement.
« J’en sais rien, c’est la première fois que je vous vois » répond-elle amusée.
Puis elle se penche sous le comptoir et ressort un énorme registre qu’elle ouvre devant mes yeux.
« Mais la 414 est occupée depuis deux jours, je ne sais pas si c’est par vous, j’étais pas là hier » ajoute-t-elle.
J’ai pu dormir ici aussi longtemps, vu l’état dans lequel j’étais ça ne serait pas si surprenant.
Je demande « A quel nom est réservée la chambre ? » avec le fol espoir d’apprendre enfin comment je m’appelle.
« On ne prend aucun nom ici – Je me sens tout à coup épuisé – Tout ce que je peux vous dire, c’est que la chambre est payée pour encore une semaine »
Cette fois, c’est une vraie surprise, les types qui m’ont laissé ici ont payé cette chambre d’avance. Ils veulent que je reste plus longtemps ou quoi ? Peut-être ont-ils pensé que j’étais mort et ils auraient voulu gagner du temps en me laissant pourrir là haut sans que personne ne s’inquiète.
« Personne n’a laissé de nom pour toucher une caution ou quoi que ce soit de ce genre ? » dis-je, voulant m’assurer de ne rater aucun indice.
« Il n’y a pas de caution ici. Si vous arrivez à voler quelque chose dans la chambre, c’est offert par la maison » et après m’avoir répondu, elle se met à rire, fière de son bon mot et probablement aussi amusée par le ridicule de la situation.


***


Je n’insiste pas, au point où j’en suis, j’aurai plus de chances de récupérer quelques informations et de comprendre ce qui se passe dehors. Je me retourne et vois une double porte en bois à coté d’une machine distributrice de canettes qui émet une lumière chancelante et d’où sort le bourdonnement d’un vieux frigo.
Je sors, surpris par la tiédeur de ce début de soirée, je me retrouve dans une rue sombre, bordée d’immeubles grisonnants, et dont les trottoirs sont juste assez larges pour une personne. Rien qui ne puisse me servir d’indication aux alentours, même l’hôtel ne semble pas avoir de nom, et à part l’écriteau « ouvert » visible à travers la vitre jaunie de l’entrée, rien ne laisse supposer qu’il s’agisse d’un lieu public. Ok, je vais marcher un peu, je finirai bien par trouver quelque chose d’intéressant. Rien de particulier dans aucune des directions, je prends sur la droite.
En marchant, je regarde au loin, des passants voutés semblent se déplacer sans but. Je suis soudain pris d’une angoisse diffuse. Ils veulent me tuer, je ne sais pas pourquoi, mais ils veulent me tuer. Peut-être qu’ils sont fous.
« Tu aurais du prendre à gauche »
Ils ne sont pas particulièrement impressionnants, mais ils ont peut-être des armes. S’ils m’attaquent à mains nues, je pense que je pourrai me défendre, mais s’ils ont des couteaux, ça risque d’être plus dur. Je ne vais quand même pas retourner tout de suite à l’hôtel, il faut que je trouve un élément sur lequel je puisse réfléchir, un nom de rue ou un magasin, n’importe quoi. Je dois donc me diriger vers eux. Ces meurtriers en puissance. J’arrive au niveau du premier passant. S’il ne s’est pas mis d’accord avec les autres, peut-être qu’il n’osera pas m’attaquer. Je suis sur le trottoir opposé. Il fait semblant de ne pas me remarquer et continue son chemin. Il ne m’attaquera pas dans le dos. Ce qu’ils veulent, c’est me faire peur avant de me tuer. Maintenant qu’il n’est plus dans mon champ visuel, il n’est plus dangereux. Mais il y a encore plein de monde, dont certains viennent vers moi et sont sur le même trottoir, je n’arriverai pas à tous les éviter. Je pourrais frapper le premier, mais ils n’attendent que ça pour tous se ruer sur moi, et si je ne frappe pas, ils vont continuer à me terroriser, et quand ils estimeront m’avoir fait assez peur, alors ils me tueront.
« Ne leur montre pas »
Je vais passer devant eux comme si de rien n’était. Si j’arrive à leur cacher ma peur, ils n’oseront pas m’attaquer. Ils sont comme des chiens, ils sentent la trouille à distance. Si je marche d’un pas assuré, ils me prendront pour l’un des leurs.
J’avance. Je vais aller jusqu’au prochain carrefour pour vois si le nom de la rue est indiqué, ça me rappellera peut-être quelque chose. J’entends certains passants discuter. Ils parlent entre eux. Ils parlent de moi mais je ne comprends pas ce qu’ils disent, ils sont trop loin et je ne veux pas me rapprocher, ils pourraient sentir ma peur.
Tout à coup, je vois un chien à une dizaine de mètres. Lui va sentir ma peur, c’est obligé, il a l’odorat bien plus développé que les passants, peut-être l’ont-ils même amené pour qu’il puisse me détecter.
« Change de trottoir »
C’est trop tard, il m’a repéré. Je dois rester face à lui, les chiens ne mordent jamais un individu de face. Il s’est arrêté à quelques mètres de moi et il s’est mis à aboyer et à grogner. C’est une sorte de mélange entre le berger allemand et le doberman. Ses aboiements sont de plus en plus forts. Il a les babines retroussées, la couleur fauve autour de sa gueule, assortie au noir de son pelage lui donne une allure encore plus effrayante, à chaque aboiement je distingue de la bave qui en jaillit. Il a les pattes arrière fléchies, prêt à bondir. Il essaie de me contourner lentement en continuant à aboyer et à grogner mais je pivote sur moi-même pour rester face à lui. Tout à coup, j’entends une voix plus loin.
« Adam, au pied »
Ses oreilles se dressent sur sa tête, ça doit être la voix de son maître. S’il me prend pour un passant ordinaire, il va empêcher son chien d’attaquer. J’ai peut-être une chance de m’en sortir.
« Adam, ici, tout de suite »
L’homme qui arrive en pressant le pas est un gros moustachu en jean et en marcel, légèrement dégarni, il doit avoir une quarantaine d’années mais sa voix semble assez fluette.
« N’ayez pas peur, me crie-t-il, il n’est pas méchant »
Les oreilles du chien se sont courbées, il a les babines retroussées et me bondi dessus, en un éclair, je peux sentir son haleine fétide sur mon visage et je prête à peine attention aux éclaboussures de bave que je reçois en pleine face.
Puis, je ressens la douleur. Le chien est en train de me dévorer le visage. Je distingue des lambeaux de peau et de chair dans sa gueule, c’est mon visage.
« Ça n’est pas grave »
J’ai du sang dans les yeux, je distingue à peine ce qui se passe, mais ce molosse est en train de me dévorer le visage.
« Ton corps n’a pas d’importance »
Je ne ressens même plus la douleur, mais j’essaie de me protéger de mes mains et de repousser sa gueule immonde.
« Tu es bien plus que ton corps »
Puis , le chien recule sa gueule, il s’est lassé de rogner mes os, c’est maintenant vers mon torse et vers mon ventre qu’il dirige ses assauts.
« Tu peux te défendre, ton corps n’a pas d’importance »
Le chien est en train de me mordre à l’abdomen, là aussi, la douleur n’est plus si intense, à peine une simple information. Je saisis sa tête entre mes mains ensanglantées et me mets à serrer. Il cesse de me mordre et tente de reculer, mais je le maintiens fermement, et continue à serrer.
« Tue le »
Je serre de plus en plus fort, il gémit et pousse sur ses pattes pour se dégager. J’ai mes pouces au niveau de ses yeux et je décide d’appuyer doucement. Maintenant, il tente vraiment de m’échapper et jappe comme un chiot. J’appuie un peu plus fort, encore un peu. Tout à coup, je sens mes pouces s’enfoncer dans un liquide gluant qui me dégouline le long des poignets. Le chien pousse des jappements horribles et semble désormais sans force.
« Tue le »
Mes mains glissent lentement jusqu’à son cou et je me mets à serrer. Il tente toujours de fuir mais n’en n’est plus capable. J’entends la voix de son maître un peu plus loin « arrêtez, oh mon dieu, arrêtez ».
« Dieu n’a rien à voir là dedans »
Dieu n’a rien à voir là-dedans, je continue à serrer jusqu’à ce que je ne sente plus aucun souffle passer dans la gorge de ce molosse.
« Tue le »
Je maintiens la pression, quelques dizaines de secondes de plus, puis encore quelques secondes, puis j’entends « arrêtez, s’il vous plait », c’est la maître du chien qui est à coté. « mon dieu, arrêtez », supplie-t-il encore.
« Tu peux lâcher maintenant »
Je relâche doucement, le chien est déjà mort depuis longtemps. Je suis allongé par terre. Les passants ont formé un cercle autour de moi. Je n’ai plus peur. J’entends une sirène au loin, probablement des pompiers ou des ambulanciers ou quelque chose comme ça. Je me sens partir. Je suis bien. Je me réveillerai à l’hôpital.
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