La nuit multicolore
La nuit où les bambins rêvent à la fée bleue
Où dorment les amants, épuisés par leurs jeux,
Où, rongé de remords, un fragile insomniaque
Etreint son oreiller d’un geste de maniaque.
La nuit où le quidam, dans un décor champêtre,
Se souvient de l’enfant qu’il n’a pas cessé d’être.
Les lumières au loin le charment un instant,
Pendant quelques secondes, il vient d’avoir neuf ans.
La nuit où les esprits s’en vont faire ripaille,
Où même les chats noirs sont gris comme murailles.
Prenez garde, mortels, au fantôme taquin,
Au vampire enjôleur, à l’espiègle lutin.
La nuit où la fiesta, sous le bleu des projos,
Déchaîne les passions sur un air latino,
Une belle au dos nu qui aime la bagarre
Allume son héros dans le Bar du Bizarre.
La nuit où tendrement, Colombine et Pierrot,
Dans un fragment de lune, observent sans un mot
Leurs copains Arlequin, Pantin, Pulcinella
Qui les saluent bien bas, pour montrer qu’ils sont là.
La nuit fait miroiter ses multiples couleurs,
De la fête à l’amour, du songe à la frayeur,
Et bien plus que le vert, c’est l’ombre, c’est ce noir
Porteur d’un nouveau jour, la couleur de l’espoir.