- Euh… bonjour.
La voix est hésitante, elle relève la tête. Ah, c’est lui… « Salut », lâche-t-elle indifféremment. Ben oui quoi, elle n’allait tout de même pas être aimable. Elle fait mine de se remettre à sa lecture.
- Est-ce que ça va ?
Il s’installe et s’assoit à côté d’elle. Elle lui jette un coup d’œil ; il semble plutôt mal à l’aise… ça n’a pas l’air d’aller pour lui en tout cas, quelque chose n’est pas comme d’habitude.
- Oui.
C’est un oui froid et tranchant, et accompagné de ce visage impassible et distant, il devrait suffire à mettre fin à la conversation.
- Il est bien ton livre ?
Elle souffle.
- Oui.
Même intonation, même refus de coopération, mais cette fois-ci elle n’a même pas relevé la tête.
- …
Il reste assis sur le banc et observe autour de lui ; pas très loin, sous le soleil, un arbre aux fleurs blanches et aux reflets rosés donne à cet instant un aspect irréel. Il reste un moment ainsi, comme ailleurs, incrédule devant ce qu’il ressent.
- Qu’est-ce que c’est ?
Elle le regarde négligemment, puis tourne les yeux dans la direction indiquée. Elle esquisse un sourire, se replonge dans son bouquin.
- Alors ?
- … un magnolia…
Et pendant qu’elle lit, lui l’observe. Elle le sait, elle ne peut d’ailleurs se concentrer, mais continue à l’ignorer.
Alors au bout d’un moment, un long moment ainsi, il se penche vers elle et dépose sur sa joue un tout petit baiser.
Elle préfère n’avoir aucune réaction ; il se lève et s’éloigne.
Plus tard dans la soirée, assise seule sur un banc, une jeune fille pleure silencieusement, dans l’ombre d’un magnolia en fleurs.